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lundi, 22 février 2016

La Finlande redoute un afflux de réfugiés via la Russie

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Helsinki soupçonne Moscou, au mieux, de ne rien faire pour empêcher ces arrivées. Pour le président finlandais, la migration en cours « menace les valeurs occidentales ».

Mission inhabituelle pour le ministre finlandais de l’Intérieur. La semaine dernière, il s’est rendu à la direction des services secrets russes (FSB), à Moscou. L’objectif de Petteri Orpo était de convaincre cette organisation, dont dépendent les gardes-frontières, de resserrer les contrôles du côté russe de la longue frontière (1.340 kilomètres) séparant les deux pays. Et plus particulièrement aux points de passage situés en Laponie, dans le nord, par lesquels transitent un nombre croissant de réfugiés.

« Le défi le plus sérieux » pour Helsinki

Les candidats à l’asile passant par là – quelque deux mille depuis novembre dernier – sont considérablement moins nombreux que ceux entrés dans le pays l’an dernier (32.000), surtout via la Suède ou l’Allemagne. Le phénomène inquiète néanmoins Helsinki. « C’est indéniablement le défi le plus sérieux » auquel la Finlande doit faire face, a lancé le ministre de la Défense, Jussi Niinistö, devant ses homologues des Etats membres de l’Otan, le 10 février à Bruxelles. « Tout suggère qu’il s’agit d’une immigration illégale organisée », a avancé Timo Soini, son collègue des Affaires étrangères.

Pourquoi une telle anxiété ? « Pendant la Guerre froide et au-delà, Moscou a toujours exercé un contrôle total sur la frontière avec la Finlande et la zone d’une centaine de kilomètres la longeant. Et soudain, voilà que des migrants sont autorisés à passer », constate Charly Salonius-Pasternak, chercheur à l’Institut finlandais des affaires internationales. D’après lui, « la Russie envoie ainsi un message aux Finlandais : faites attention à vous, nous pouvons vous envoyer autant de réfugiés que nous le voulons ».

Spectre d’une « voie orientale » d’entrée des immigrés

A Bruxelles, Jussi Niinistö avait agité le spectre de l’arrivée « de centaines de milliers, voire d’un million » de personnes par cette voie orientale. Et estimé qu’alors toute l’Union européenne serait concernée. Côté russe, on assure n’y être pour rien. « Ce n’est pas notre intention de diluer notre voisin finlandais dans l’immigration. Mais que pouvons-nous faire ? (…) Nous n’avons pas les moyens légaux de les arrêter », assurait récemment Dmitri Medvedev, le Premier ministre, au journal allemand « Handelsblatt ».

D’après Charly Salonius-Pasternak, Moscou cherche, avec ce dossier, « à accroître l’instabilité dans divers pays de l’UE, à affaiblir cette organisation et à inciter la Finlande à, par exemple, plaider en faveur de la levée des sanctions européennes contre la Russie ». De plus, le contentieux d’une éventuelle adhésion de la Finlande à l’Otan, objet d’un débat dans le pays non-aligné militairement, plane sur les relations bilatérales.

C’est dans ce contexte que, le 3 février, le président finlandais, le conservateur Sauli Niinistö, a tenu un discours très remarqué. « La migration est un problème sérieux (…) qui menace les valeurs occidentales », a-t-il clamé devant les députés. Aussi ne faut-il aider que « ceux qui sont vraiment en danger ». Des propos applaudis par le Parti des Finlandais, formation populiste de droite comportant des éléments xénophobes, qui siège au gouvernement.

Antoine Jacob

Source : Les Echos

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