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mardi, 23 février 2016

Allemagne. Offensives nationalistes tout-terrain

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Sur fond d’intensification des attaques antiréfugiés, l’extrême droite proche d’une entrée fracassante dans trois parlements régionaux.

L’Allemagne n’échappe pas aux ravages du virus nationaliste qui s’est répandu sur l’Europe. L’incendie d’un bâtiment destiné à devenir un foyer de demandeurs d’asile à Bautzen (Saxe) le 21 février et une attaque contre un bus de réfugiés à Clausnitz deux jours plus tôt dans la même région viennent accentuer encore les inquiétudes soulevées par la montée de la xénophobie. L’escalade que traduit le caractère de ces agressions alimente alertes et indignations. À Bautzen, un hôtel où devaient être hébergés des réfugiés a été incendié par des sbires de groupuscules néonazis. Des badauds s’y sont rendus, hilares, pour fêter l’événement, avec force boissons alcoolisées. Dans le bourg de Clausnitz, quarante-huit heures auparavant, le bus qui emmenait des réfugiés vers un autre foyer d’hébergement a été stoppé par des individus qui se sont mis à hurler des paroles de haine contre les passagers. Plus grave, selon des responsables locaux de Die Linke, la police dépêchée sur place s’est comportée de façon complaisante avec les agresseurs, faisant même évacuer brutalement les occupants du bus, au prétexte que ceux-ci auraient fait usage de… gestes obscènes.

Si quelques abcès de fixation se sont agrégés en Saxe et à l’est, le fléau touche tout le pays (notre infographie). Quelque 95 attaques incendiaires (une tous les quatre jours) ont ainsi été enregistrées en 2015 par les statistiques de l’administration judiciaire fédérale, qui font état d’un total de 1 005 agressions durant cette année contre des réfugiés. Ainsi, le 29 janvier dernier, à Villingen-Schwenningen dans le Bade-Wurtemberg (ouest), les 170 occupants d’un foyer ont-ils eu beaucoup de chance. La grenade offensive lancée en pleine nuit à l’intérieur de leur lieu d’hébergement n’a fort heureusement pas explosé…

La percée annoncée de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) (extrême droite anti-euro) dans les scrutins de trois importantes élections régionales le 13 mars prochain illustre aussi la profondeur de la dégradation du climat politique. La patronne de l’AfD, Frauke Petry, s’est même crue autorisée à souhaiter que les forces de l’ordre fassent usage de leurs armes contre les réfugiés qui essaieraient de franchir illégalement la frontière. Devant le tollé suscité, elle s’est rétractée. Mais ce type de « dérapage », indiquant jusqu’où ils sont prêts à aller « trop loin », est si fréquent chez les nationalistes que l’on peut parler de méthode. Les sondages leur donnent de 9 % en Rhénanie-Palatinat à 17 % en Saxe-Anhalt pour le scrutin de mars. Sous pression, la chancelière a déjà restreint sa politique d’accueil et, au sein de la grande coalition, de nombreuses voix s’élèvent pour exiger, comme la CSU bavaroise, l’instauration de mesures plus drastiques allant jusqu’à la fermeture des frontières.

Bruno Odent

Source : L'Humanité

 

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