mercredi, 02 mars 2016
Un migrant chrétien iranien refoulé par la France vers son pays, risque d’y être pendu…
Notre frère missionnaire Daniel O., qui nous avait déjà averti de l’égorgement d’un migrant iranien converti au christianisme dans le camp de Grande-Synthe (voir ici), nous a signalé hier un autre cas particulièrement préoccupant et qui laisse perplexe : notre droit interdit d’expulser vers son pays d’origine un étranger, fût-il en situation irrégulière, s’il y risque sa vie, sa liberté ou de mauvais traitements. Dans le cas documenté par Daniel O., il semblerait que les autorités françaises en aient fait litière… Voici la contribution de Daniel O.
Ahmed*, natif de Téhéran, s’est converti au christianisme lors d’un séjour en Turquie, il y a déjà longtemps. Il était retourné en Iran mais, comme les autres convertis de l’islam, il ne pouvait se rendre dans les églises “officielles” (à cause des caméras de surveillance, de la police secrète présente aux cultes, etc.). Il participait donc à des réunions de maison. La pression exercée devenant trop forte, il a fui son pays par la route des migrants, laissant derrière lui sa femme enceinte qui devait venir le rejoindre une fois qu’il serait passé en Angleterre. Il s’est retrouvé dans la jungle de Dunkerque, avec d’autres migrants candidats au passage en Angleterre. Il a été pris dans la persécution des migrants chrétiens par les islamistes et a été secouru par des chrétiens locaux avec les autres chrétiens iraniens le 14 décembre 2015. Au cours de cette nuit, dans la jungle de Grande-Synthe, Mohammed, 19 ans, avait été égorgé rituellement – pour avoir refusé de revenir à l’islam – et de nombreux autres migrants chrétiens avaient reçu des coups de couteau, avaient été frappés et dévalisés. Ayant trouvé un travail de traducteur (il parle anglais, kurde, turc…), Ahmed* avait décidé de demander asile en France. Début février 2016, aidé et conseillé par des chrétiens de Dunkerque, il a pris le train pour Paris afin de faire les démarches nécessaires, mais il y a été arrêté. Deux jours plus tard, il était expulsé vers l’Iran via la Turquie. Motif de son expulsion : visa expiré. Il est resté en prison en Turquie, puis en Iran. Il n’a commis aucune infraction de droit commun ni en France ni en Iran : ses tribulations sont uniquement dues à son absence de papiers en règle et à sa foi chrétienne. Amir a toujours affiché sa foi chrétienne avec courage. Arrivé en Iran, on lui a dit qu’il allait être pendu pour « apostasie de l’islam ». Cela lui a été communiqué oralement : à notre connaissance il n’y a aucun document écrit dans ce sens. Mais tôt dimanche matin 28 février, il a été libéré avec ordre de se présenter à la police toutes les semaines. Nous sommes en contact téléphonique avec lui mais son téléphone est probablement sous écoute, donc nous ignorons s’il a été battu et tous autres détails. Nous pouvons prier pour les autres Iraniens chrétiens persécutés qui sont encore à Dunkerque. Ils ont été hébergés à l’Armée du Salut (à qui on doit vraiment tirer le chapeau pour leur dévouement) pendant deux mois, ont été pris en charge un temps par les Assemblées de Dieu de Saint-Pol-sur-Mer (Nord), mais aujourd’hui, ils se retrouvent sans aide et sans ressource. Un Afghan a tenté de se suicider en apprenant qu’il allait devoir retourner dans la “jungle”. Ça les a tous traumatisés… Hier, dimanche 28 février, la plupart des migrants chrétiens secourus ont dû être amenés aux urgences pour des angines, bronchites, grippes. Leur situation reste très précaire. Merci de prier pour eux et pour ceux qui s’en occupent.
* Il s’agit d’un nom d’emprunt pour garantir l’anonymat.
Daniel Hamiche
13:36 | Lien permanent | Commentaires (0)
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