A la veille d'un sommet entre les Européens et la Turquie consacré à la crise migratoire, Angela Merkel s'en est pris directement dimanche au parti Alternativ für Deutschland (AfD), la formation anti-immigrés qui a le vent en poupe dans les sondages en Allemagne.
Dans une interview accordée au Bild am Sonntag, la chancelière allemande accuse ce nouveau venu sur la scène politique de jouer sur les préjugés et de diviser la société allemande.
"L'AfD est un parti qui ne rassemble pas la société, qui n'offre pas de solutions appropriées aux problèmes, mais qui attise les préjugés et polarise", dit-elle dans cette interview.
Angela Merkel, dont la politique d'accueil des réfugiés et des migrants est contestée jusque dans les rangs de sa coalition, passera un test électoral d'envergure dimanche prochain, avec des élections dans trois Länder (Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et Saxe-Anhalt).
D'après les derniers sondages, l'AfD est créditée de près de 20% des intentions de vote dans la région de Saxe-Anhalt, en ex-Allemagne de l'Est, et pourrait faire jeu égal avec les sociaux-démocrates du SPD dans le Bade-Wurtemberg (sud).
Pour Merkel, les membres du gouvernement et les partis politiques traditionnels ont le devoir de défier l'AfD dans le débat publique en se distinguant clairement des prises de position hostiles à l'immigration du mouvement.
Créé à l'origine contre l'euro, l'AfD, sous l'impulsion de ses nouveaux dirigeants élus à l'été 2015, a mis de côté les questions liées à la monnaie unique européenne et a adopté une ligne très ferme contre l'immigration.
Sur la crise des migrants, la plus grave crise de ce genre qu'ait connue l'Europe depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la chancelière réaffirme que seule une solution européenne, avec renforcement des frontières extérieures et coopération avec la Turquie, est à la hauteur du défi.
"Nous ne pourrons relever ce défi qu'ensemble", dit-elle.
Elle souhaite aussi que les Européens discutent des moyens de venir en aide à la Grèce, placée dans une "situation très difficile" du fait de sa position géographique, en première ligne face aux flux migratoires.
(Michael Nienaber; Henri-Pierre André pour le service français)
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