mardi, 08 mars 2016
Filière de Champigny-sur-Marne : 12 djihadistes présumés devant la justice
La justice a cinq jours pour comprendre comment s'organisait cette cellule de recrutement et d'acheminement depuis le Val-de-Marne vers les rangs de l'État islamique. Une douzaine d'individus avait rejoint la Syrie, via la Turquie, à l'été 2013.
La justice française se penche à nouveau sur le démantèlement d'une filière djihadiste, cette fois-ci implantée à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Le procès s'ouvre ce lundi après-midi devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Les magistrats ont cinq jours pour comprendre comment s'organisait cette cellule de recrutement et d'acheminement depuis le Val-de-Marne vers les rangs de l'État islamique. Ce réseau, dont la plupart des membres sont originaires de Champigny-sur-Marne, avait permis l'envoi en Syrie d'une douzaine de candidats au djihad à l'été 2013. Leurs proches avaient alors alerté les autorités qui avaient ouvert une enquête.
Sur le banc des accusés: onze hommes et une femme, âgés de 20 à 30 ans. Mais seule une poignée d'entre eux devraient être présents à l'audience. Parmi les prévenus, figurent un détenu et trois personnes sous contrôle judiciaire. Les huit autres membres présumés de la filière sont sous le coup d'un mandat d'arrêt, soupçonnés d'être encore en Syrie, rapporte une source judiciaire. Ils seront jugés pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» et risquent jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.
Mustapha Mraoui, l'imam autoproclamé
Les magistrats se pencheront en particulier sur le rôle tenu par Mustapha Mraoui, imam autoproclamé de la mosquée Al Islah, à Villiers-sur-Marne. Soupçonné d'avoir rejoint les rangs de Daech, cet homme d'une trentaine d'années est présenté comme le «chef d'orchestre» de cette filière d'acheminement, ayant organisé des réunions quotidiennes au sein de la mosquée de Villiers-sur-Marne pour «prêcher le djihad» et recruté plusieurs candidats pour la Syrie.
L'enquête a permis d'établir son mode opératoire: des témoins rapportent qu'il dispensait des entraînements «au sport de combats», incitait ses recrues à se couper de leur famille et les menaçait de «représailles» si elles n'allaient pas au bout de leur projet. Il aurait enfin demandé aux candidats de se déguiser en touristes et de raser leurs barbes afin de ne pas éveiller les soupçons de la police lors de leurs départs vers la Syrie, via la Turquie, rapporte Le Parisien. Mustapha Mraoui était connu des services de renseignement pour ses prêches radicales. D'après son entourage, il se serait radicalisé en Égypte lors de séjours effectués entre 2011 et 2013. «On a été surpris d'apprendre son départ en Syrie», confie au Figaro un fidèle de la mosquée de Villiers-sur-Marne. «Il était discret, parlait à peine l'arabe et ne s'était même pas fait pousser la barbe».
Une mère de famille impliquée
Seule femme impliquée dans cette filière, une mère de famille va également devoir s'expliquer devant les juges. D'après France Info, elle était partie en Syrie avec ses enfants pour y rejoindre son mari. Dans ses bagages, elle avait emporté des lunettes de visée et un cache-flamme. Elle serait rentrée en France plusieurs mois après pour échapper à son époux qui voulait lui faire porter une ceinture d'explosifs.
Parmi les candidats ayant participé à cette filière, on retrouve aussi Mickaël Dos Santos, aujourd'hui âgé de 24 ans. Après avoir laissé un mot d'adieu à sa famille, il avait quitté la France pour la Syrie le 16 août 2013. Fin 2014, il avait été un temps identifié sur une des vidéos de l'État islamique avant que sa présence ne soit contestée par des experts et sa propre mère. Issu d'une famille catholique pratiquante, il se serait converti à l'Islam et se serait radicalisé en 2009. Son cas ne sera pas jugé cette semaine, la justice ayant choisi de se pencher sur son dossier ultérieurement.
09:21 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.