mardi, 08 mars 2016
Toulouse : Privée d'une salle de prière, la mosquée Abou Bakr lance une pétition
Le collectif des musulmans de la Reynerie n'est pas content. La semaine dernière, un courrier du bailleur social Habitat Toulouse lui a signifié que l'une des salles dont il disposait comme lieu de prière était officiellement fermée, sine die, dès le 2 mars. Ce qui a provoqué stupeur et incompréhension.
«La mosquée Abou Bakr existe dans le quartier depuis plus de 30 ans, explique Abdelkrim Hammaoui. Elle permet aux habitants, ainsi qu'à ceux des quartiers voisins de faire leurs prières quotidiennes.
Elle comporte deux salles de prière, une salle principale et une salle annexe d'environ 30 m2. C'est celle-là, qui a été condamnée, alors que nous manquons de place».
Franck Biasotto, le président d'habitat Toulouse et élu de la majorité municipale, confirme la décision et la justifie. «Cette pièce est à l'origine un simple local technique qui a été progressivement colonisé, qui n'est pas appropriée à un lieu de culte et qui, en outre, n'était pas inclus dans le bail de la mosquée, souligne-t-il. Avant de se faire apaisant. «Il ne s'agit pas de remettre en cause un lieu de culte qui existe depuis de nombreuses années, c'est important qu'il existe, d'autant qu'il y a un réel besoin dans le quartier. Mais il faut une réflexion globale et se poser la question, que peut-on offrir dans des lieux plus appropriés. C'est une question réelle et sérieuse. La mosquée de Basso Cambo est en train de sortir de terre, place Bouillières, mais on sait qu'on manque de salles de prières à Toulouse». Sur internet, la pétition lancée par le collectif des musulmans de la Reynerie et adressée aussi à la mairie de Toulouse, a déjà recueilli près de 300 signatures pour dire «non» à cette fermeture. Et les commentaires sont révoltés. «Halte au racisme et à l'islamophobie d'État, lance un internaute. On ne lâche rien. Il est inadmissible qu'en 2016 dans un pays de liberté d'égalité et de fraternité, on en soit encore là»…Un autre regrette «le seul endroit proche pour les personnes âgées, hommes ou femmes et une proximité qui reste importante pour nos seniors». En pointant «un cruel manque d'espaces dignes pour le culte musulman dans la quatrième ville de France»…Franck Biasotto reconnaît que ce sera difficile dans l'immédiat pour les fidèles qui seront «un peu gênés». Mais il n'est pas question de revenir sur la décision. «Cela doit nous permettre d'engager la discussion, pour que chacun y retrouve son compte», assure-t-il. En précisant que le local enlevé à la mosquée «est destiné à un autre usage, peut-être à une autre association, vue la demande»…Ce qui serait quand même très paradoxal.
Gilles-R. Souillés
08:56 | Lien permanent | Commentaires (0)
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