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vendredi, 11 mars 2016

L’accueil des réfugiés, ou le réveil des divisions allemandes

Les violences à l’encontre des migrants sont nombreuses dans l’ex-RDA.

Divisée entre Est et Ouest sur l’accueil des réfugiés, l’Allemagne est à l’image de l’Europe.

La Saxe, son histoire ancienne, ses pierres baroques, ses vins et… sa xénophobie. Avec une redoutable constance depuis l’été, ce Land (État régional) de quatre millions d’habitants, situé dans l’ex-République démocratique d’Allemagne (RDA), se rappelle au « bon » souvenir des médias par des actes racistes envers des réfugiés.

L’un des derniers en date remonte au 21 février, quand un foyer de demandeurs d’asile de la petite ville de Bautzen a pris feu dans la nuit, très probablement après un geste criminel, devant des badauds ivres et hilares.

À l’Est, émergence d’un nationalisme xénophobe

La Saxe ne constitue pas, loin de là, la destination principale des exilés qui atteignent l’Allemagne. Ces derniers sont bien plus nombreux dans l’ouest du pays, en Bavière ou dans le Bade-Wurtemberg notamment.

Mais la violence à l’encontre des demandeurs d’asile y est bien moins fréquente et intense que dans ce Land frontalier de la République tchèque et de la Pologne. Sa capitale, Dresde, est le berceau du mouvement d’extrême droite Pegida, apparu à l’automne 2014.

La région est représentative de l’ex Allemagne de l’Est, qui n’échappe pas à cette règle vérifiée ailleurs en Europe : la haine de l’étranger y est inversement proportionnelle à sa présence. Mais le constat y surprend plus qu’ailleurs.

« La crise des réfugiés a réveillé un potentiel nationaliste et xénophobe qui, jusqu’alors, était en sommeil, indique Stefan Sievert, chercheur à l’Institut de Berlin pour la population et le développement. Il existe partout en Allemagne mais est plus important dans l’ancienne RDA. »

La création de Pegida ou la présence de cinq élus du parti national-démocrate (NDP, néo-nazi) au parlement de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, Land que borde la mer Baltique, ne pouvaient-elles pas être considérées comme des indices ? « Rétrospectivement, ce sont des alertes, mais alors, il était impossible de prédire cette violence », nuance Stefan Sievert.

L’Allemagne, métaphore européenne

Vingt-six ans après sa réunification, l’Allemagne constate, à la faveur de la crise des réfugiés, qu’un profond fossé demeure entre les esprits des deux côtés de l’ancien Rideau de fer. L’Est est moins habitué que l’Ouest à accueillir des étrangers.

Le taux de chômage y est plus élevé. La société civile y est moins développée. Conjuguées, ces spécificités, en grande partie héritées du communisme, expliquent les réactions xénophobes, qui ne sont toutefois pas absentes dans les régions occidentales de l’Allemagne.

L’analyse vaut à l’échelle de l’Union européenne, dont l’Allemagne divisée offre une sorte de reflet miniature. Jusqu’à ses dirigeants, l’Europe centrale s’est montrée hostile à l’accueil des exilés, suspectés haut et fort en Hongrie et en Slovaquie d’être des terroristes, ou, en Pologne, de véhiculer des maladies. Autant d’anciens pays communistes où, comme dans l’ex-RDA, les étrangers ne représentent qu’une part infime de la population.

Marianne Meunier

Source : La Croix

 

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