samedi, 12 mars 2016
Mon imam chez les militaires
Ça décore sec, par les temps qui courent, et à tous les niveaux ! Il est vrai qu’en France – et pas qu’en France -, on adore les décorations, les médailles. On fait semblant de s’en moquer mais in fine, à part quelques exceptions notoires, on est bien content de recevoir sa petite médaille. « Laissons les rubans voler », chante-t-on dans l’infanterie !
Ainsi, la semaine dernière, François Hollande remettait les insignes de la Légion d’honneur au prince héritier d’Arabie. L’affaire fait encore grand bruit puisque la presse de ce matin relaie une nouvelle information révélée par le magazine féminin Causette : cette distinction aurait été attribuée à la demande du royaume. Pourquoi se gêner ? Monseigneur, les désirs de Votre Altesse Royale sont des ordres ! Si l’information se confirme, on aurait ainsi une nouvelle preuve que ceux qui nous gouvernent sont frappés au dernier degré du fameux syndrome du valet de chambre. Vous voulez peut-être un dessin ? Vous ne l’aurez pas…
À tous les niveaux, vous disais-je. Ainsi, plus modeste certes qu’une Légion d’honneur – mais il faut un début à tout -, c’est l’insigne de la réserve citoyenne de l’armée de l’air qui était remis mercredi 9 mars à un imam par le commandant de la base aérienne de Bordeaux-Mérignac. Pas une décoration à proprement parler, mais la marque de l’intégration de cet imam, Mahmoud Doua, au sein de la réserve citoyenne.
Qu’est-ce que la réserve citoyenne ? Elle rassemble des personnes volontaires pour contribuer au renforcement du lien entre la nation et les forces armées. Les réservistes citoyens sont des collaborateurs bénévoles du service public, des ambassadeurs de la Défense et de la gendarmerie, qui ont choisi de servir en faisant bénéficier les forces armées de leur expérience et de leur connaissance du tissu socio-économique mais sans faire du métier des armes leur profession.
Donc, qui est ce nouvel ambassadeur de la Défense ? M. Mahmoud Doua, l’imam de Cenon en Gironde, membre de l’Union des organisations islamiques de France dont on connaît les liens avec les Frères musulmans. L’UOIF qu’un des cofondateurs qualifiait de fusée à deux étages. « Le premier est démocratique, le second mettra en orbite une société islamique. » On ne peut être plus clair.
Mahmoud Doua présente le visage d’un islam tolérant, adapté à la République. Son discours est apparemment assez consensuel. Répondant aux questions du journal de la métropole bordelaise ABM en février 2014, il déclarait : « Je refuse de tomber dans le piège, de considérer la France comme islamophobe ou comme raciste. Elle ne l’est pas du tout. Même ceux qui votent FN. » Toujours séparer les électeurs des dirigeants FN : si ça, ce n’est pas de l’intégration, voire de l’assimilation, qu’est-ce alors !
Moins consensuels, en revanche, les propos qu’il tint en 2011 chez Guillaume Durand : « Parler de la répression des minorités chrétiennes en Orient, c’est de la désinformation… » Et ce, sous le regard plutôt approbateur du prédicateur Tariq Ramadan, l’homme qui voulait récemment devenir français. Impossible n’est pas français, dit-on, alors, on attend non pas une repentance – n’exagérons pas – mais au moins une petite actualisation du discours de M. Doua, rapport à ce que subissent les chrétiens de Syrie…
Gageons aussi que le commandant – puisque c’est le grade qui lui a été conféré – Mahmoud Doua sera un ambassadeur de l’armée de l’air efficace auprès de ses coreligionnaires et non le contraire. J’imagine que du côté de l’armée de l’air, on doit attendre avec impatience que cette nouvelle recrue apporte son expérience et sa connaissance du tissu socio-économique comme il se doit.
Georges Michel
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