mercredi, 16 mars 2016
Breivik : le militant nazi accuse la Norvège de violer ses droits
L'assassin d'extrême droite Anders Behring Breivik, qui a tué 77 personnes en Norvège en 2011, poursuit l'État pour traitement "inhumain".
L'extrémiste de droite Anders Behring Breivik, qui a tué 77 personnes en Norvège en 2011, a ouvert mardi le procès contre l'État sur ses conditions de détention en faisant un salut nazi, confortant les craintes qu'il en fasse une tribune politique. Crâne désormais complètement rasé, costume sombre et cravate dorée, l'extrémiste de 37 ans s'est tourné vers les membres de l'audience, et a effectué un salut hitlérien, signe d'une conversion assumée au national-socialisme.
Dans la salle de gym de la prison de Skien transformée en prétoire pour l'occasion, son avocat et le défenseur de l'État ont croisé le fer pour savoir si les conditions de détention de Breivik, à l'isolement depuis près de cinq ans, étaient contraires aux droits de l'homme. "Cette affaire porte sur quelque chose de totalement différent de ce que beaucoup ont cru, à savoir que c'est une affaire soulevée pour permettre à Breivik de revenir sous les projecteurs et s'expliquer", a souligné Øystein Storrvik, qui représente l'extrémiste.
"Militant nationaliste"
Anders Behring Breivik a donné le ton mardi au premier jour du procès qu'il a intenté contre l'État sur ses conditions de détention, en faisant le salut nazi à son arrivée. Crâne totalement rasé, en costume sombre, chemise blanche et cravate dorée, Breivik est entré dans le prétoire, s'est tourné vers la presse, puis a tendu le bras droit, sans prononcer un mot. Une fois assis entre ses avocats et sous étroite surveillance, il a longuement dévisagé les membres de l'assistance, essentiellement des journalistes rassemblés dans la grande salle, où l'on voit encore un mur d'escalade, deux paniers de basket et des barres d'exercice. Ce salut nazi est une variante de celui, personnalisé, qu'il avait effectué à plusieurs reprises pendant son propre procès en 2012. Le geste consistait alors à porter son poing droit sur le coeur puis tendre le bras.
Dans une lettre envoyée à l'Agence France-Presse le 27 octobre 2014, l'extrémiste aujourd'hui âgé de 37 ans, qui se disait jusqu'alors "militant nationaliste", avait annoncé son "allégeance au national-socialisme". Breivik accuse aujourd'hui l'État d'enfreindre deux dispositions de la Convention européenne des droits de l'homme, l'une interdisant les traitements "inhumains" ou "dégradants" et l'autre garantissant le "droit au respect de sa vie privée (...) et de sa correspondance".
Son avocat prêt à aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme
Le 22 juillet 2011, il avait tué 77 personnes, 8 en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo et 69, des adolescents pour la plupart, en ouvrant le feu sur un camp d'été de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utøya. Il a été condamné en 2012 à 21 ans de prison, peine susceptible d'être prolongée s'il reste considéré comme dangereux. Dans ses remarques liminaires mardi, son avocat Øystein Storrvik a souligné que les questions fondamentales de droit étaient d'autant plus importantes que Breivik va probablement "passer toute sa vie en prison".
Dans un entretien avant le procès, Øystein Storrvik s'est dit prêt à aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg. Depuis son arrestation le 22 juillet 2011, les contacts de Breivik sont extrêmement limités. Il est détenu dans des conditions de très haute sécurité à l'écart des autres prisonniers, les visites sont rarissimes, généralement le fait de professionnels et ont lieu derrière une paroi de verre, et ses courriers sont passés au crible par l'administration pénitentiaire. Pour le bureau du procureur général qui défend l'État, les conditions de détention sont "largement conformes à ce qui est permis" par la Convention.
"Peines ou traitements inhumains ou dégradants"
Breivik accuse la Norvège de violer deux dispositions de la Convention européenne des droits de l'homme, l'une interdisant les "peines ou traitements inhumains ou dégradants", l'autre garantissant le "droit au respect de sa vie privée (...) et de sa correspondance". Dégradant ? Parce que dans la prison d'Ila, près d'Oslo, où il a séjourné jusqu'en septembre 2013, le détenu a été soumis à un usage intensif des menottes et à des centaines d'inspections corporelles, a fait valoir Øystein Storrvik.
Inhumain ? Parce que les visites, rarissimes, sont généralement effectuées par des professionnels, derrière une paroi de verre, à l'exception d'une brève entrevue avec sa mère avant sa mort en 2013, a précisé l'avocat. Sa correspondance ? Elle est étroitement contrôlée par l'administration pénitentiaire. Selon Øystein Storrvik, l'isolement laisse des "séquelles" chez Breivik, citant des troubles de mémoire ou son incapacité à se concentrer sur des études. Une affirmation rejetée par le juriste Marius Emberland qui, au nom de l'État, a énuméré les activités proposées au détenu et révélé qu'il en avait décliné certaines.
08:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
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