vendredi, 18 mars 2016
Livre : Aux sources du radicalisme musulman
Ce dominicain analyse en finesse les faiblesses du discours islamiste
Que penser de… ? L’islamisme, d’Emilio Platti, Éditions Fidélité, 117 p., 9,50 euros
Il faut croiser les approches pour comprendre quelque chose à ce radicalisme musulman qui frappe en Europe, au Moyen-Orient ou encore en Afrique. Dominicain, membre de l’Institut dominicain d’études orientales et professeur de relations islamo-chrétiennes à l’Université catholique de Leuven, le F. Emilio Platti a choisi l’angle de l’histoire de la pensée musulmane, remontant aux sources du radicalisme.
Depuis la rébellion des « kharijites » contre Ali, gendre et quatrième successeur du prophète Mohammed, depuis aussi les conquêtes des premiers wahhabites ou l’assassinat du président égyptien Anouar El Sadate au Caire en 1981, Emilio Platti montre qu’au sein de l’islam, la querelle est ancienne « entre deux tendances » : l’une « modérée, profondément enracinée dans la tradition, en continuité avec l’héritage religieux classique » et l’autre « fermement identitaire et même rétrograde, identifiant l’islam à un mode de vie immuable, régi par un ensemble de prescriptions datant d’une interprétation casuistique médiévale de la loi islamique, la sharî’a, durement anti-occidentale, exclusiviste et violente ».
Si aucun « chef suprême (ni) clan mystérieux ne tire les ficelles » des groupes violents se revendiquant de l’islam – talibans en Afghanistan, Jabhat-Al-Nosra et Daech en Syrie et en Irak, Boko Haram au Nigeria ou encore Abou Sayyaf aux Philippines –, il existe bien des racines communes auxquelles puisent ces mouvements : le wahhabisme ou tentation de « la purification radicale », ou le mawdudisme, du nom de l’idéologue de l’islam politique.
Ce rapide panorama permet au dominicain de pointer les « faiblesses majeures du discours islamiste » : la négation de « la consistance propre du créé, de l’histoire, de la culture humaine, de la pensée humaine », et l’oubli de la dimension spirituelle de l’expérience religieuse.
Anne-Bénédicte Hoffner
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