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vendredi, 25 mars 2016

Terrorisme : l'impitoyable charge de la presse tunisienne sur l'Europe

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Après les attaques de mardi en Belgique, les médias francophones tunisiens n'ont pas hésité à accuser la stratégie européenne de lutte contre le terrorisme.

En une du Temps, Khaled Guezmir donne le ton, désignant, sinon le coupable des attentats en Belgique, du moins son complice : « Des décennies de laxisme au nom de la démocratie des droits de l'homme et du droit d'asile accordé généreusement aux supposées victimes des régimes de dictature orientale et autres. » Une parole qui fait écho à de nombreux propos tenus par des personnalités publiques, politiques ou intellectuelles. Les « droits-de-l'hommistes » sont devenus les suppôts du terrorisme pour une partie de la presse, de même que plusieurs ONG implantées à Tunis, Reporters dans frontières et Human Rights Watch notamment, qui ont déjà été la cible d'éditoriaux vindicatifs. Ainsi, lorsque dix députés se sont abstenus lors du vote de la loi antiterroriste le 25 juillet 2015, leurs visages se sont retrouvés placardés tels des criminels. Olfa Youssef, écrivain et universitaire spécialiste en linguistique, psychanalyse et islamologie, écrivait le 22 mars sur son mur Facebook, le premier média de Tunisie : « Ne remettez pas les terroristes à la justice, achevez-les avant. »

Les Européens accusés d'être minimalistes

Pour Le Quotidien, plus modéré, le sujet de une est consacré aux « chiffres effrayants » de l'abandon scolaire. En appel, « De Ben Guerdane à Bruxelles, la mondialisation de la terreur ». En page 4, Jalel Hamrouni estime que « les Européens ne semblent pas retenir la leçon des attaques terroristes qui ont secoué la capitale française ». Puis de préciser que les Européens se contentent de « dénoncer les attaques terroristes multiples qui secouent quasi quotidiennement les pays de la région ». Et de citer le président de la République tunisien qui juge qu'« il n'existe pas véritablement de stratégie sur le plan pratique ». BCE déplore, selon le journaliste, l'insuffisance des aides européennes et américaines. « La Tunisie est en train de se défendre toute seule pratiquement », selon les propos présidentiels accordés au Washington Post. Selon « un ancien diplomate et analyste politique, Abdallah Laâbidi », « toute la région du Proche-Orient est en ébullition à cause des conflits d'intérêts des puissances occidentales ». Il en appelle à « l'opinion publique européenne » afin qu'elle « se mobilise contre la politique de leurs gouvernements ». L'homme explique ensuite que les attentats de Bruxelles « seront exploités par l'extrême droite pour hausser le ton contre la présence arabo-musulmane en Europe ». Le # StopIslam était mardi soir en tête des tendances Twitter.

« Certains pays font comme si de rien n'était »

Du côté du quotidien d'État, La Presse de Tunisie, un édito et un article en page 4 signé Soufiane Ben Farhat. Ce dernier fustige « des États occidentaux et européens de premier plan (qui) épaulent les terroristes en Syrie, leur fournissant armes et soutiens logistiques ». Et de citer « les États-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne ». À l'instar du Quotidien, le journaliste estime que « la Tunisie a maintes fois sollicité le soutien actif de la communauté internationale dans sa lutte antiterroriste », mais que « certains pays font comme si de rien n'était ». Le 27 juillet 2015, Ben Farhat expliquait en une de La Presse que « les discours justificateurs, au nom des droits de l'homme, font florès ». Titré « N'en déplaise aux veules », le texte suggérait le cachot à tous ceux qui émettaient des réserves à l'encontre de la loi antiterroriste. Qui a été votée à une écrasante majorité.

Et finalement, un retour de la théorie complotiste

Le caricaturiste de La Presse de Tunisie, Lotfi Ben Sassi, fait dire à son personnage qu'« il n'y a qu'en Israël que l'humanité est à l'abri de Daech », reprenant la théorie complotiste, très en vogue dans les pays arabes, selon laquelle l'organisation djihadiste est une création mi-sioniste mi-yankee. Pour mémoire, la Tunisie fournit 5 500 djihadistes à l'État islamique, soit le plus gros contingent de « soldats du califat » en provenance d'un pays étranger, hors Syriens.

 

Benoît Delmas

Source : Le Point

 

 

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