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mardi, 29 mars 2016

« Les clefs du vivre ensemble » : Tariq Ramadan en tournée

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Le 26 mars, Tariq Radaman donnait une conférence au palais des congrès de la ville de Bordeaux. La venue du théologien musulman dans la capitale girondine n’a pas été sans susciter de nombreuses polémiques. S’estimant maltraité par le monde politico-médiatique français, Tariq Radaman a déclaré : « Chaque fois qu’une élection approche, on mène une campagne de diabolisation contre moi. » Il n’a pas tort : nonobstant mon dédain pour les idées véhiculées par ce monsieur, j’estime que l’hystérie médiatique ne lui nuit pas mais, tout au contraire, le renforce dans sa posture victimaire.

Tariq Ramadan joue sur plusieurs tableaux. Il est capable de s’afficher avec les imams les plus radicaux du monde sunnite, comme avec le philosophe de gauche Edgard Morin. Le petit-fils du fondateur des Frères musulmans est un centriste du monde musulman, selon le chercheur Gilles Kepel. Par centriste, il faut bien entendre que Tariq Ramadan est issu de la matrice traditionnelle sunnite et n’est pas très éloigné des mouvements salafistes.

L’homme adapte son discours en fonction du public devant lequel il s’exprime. Adepte d’une sorte de dialectique éristique islamique, ou de taqiya inversée (à l’origine, la taqiya a été inventée par les minorités musulmanes hétérodoxes pour se cacher des sunnites majoritaires), Tariq Ramadan ne sert qu’un projet : la progression de l’islam politique en Europe. Il entend conquérir les cœurs et les esprits, sans violence directe. D’ailleurs, il n’a jamais condamné explicitement les terroristes, se contentant de contorsions intellectuelles pour le moins ambiguës.

Pourtant, je ne pense pas qu’il faille l’interdire de donner des conférences. Je ne suis pas moi-même un théologien ou un spécialiste de l’islam. Je ne crois pas, d’ailleurs, qu’il soit du rôle des commentateurs ou des acteurs de la vie politique de se substituer aux imams et aux « savants musulmans ». Cela regarde les pratiquants de cette religion.

En revanche, il est de notre rôle de définir ce qui, parmi les pratiques islamique, est acceptable en France et ce qui ne l’est pas. La vision islamique de Tariq Ramadan est inacceptable en France. Notre pays distingue les domaines spirituel et temporel depuis toujours. Sans attendre la loi de 1905 sur la laïcité, le roi Philippe le Bel sut remettre le pape Boniface VIII à sa place de chef des croyants.

Le pouvoir politique doit donc s’opposer à Tariq Ramadan sur le plan des idées, mais il ne saurait prendre la liberté d’interdire ses conférences. D’abord par attachement à nos valeurs. Les libertés d’expression et d’opinion doivent être garanties en France. Enfin, déclarer Tariq Ramadan persona non grata lui ferait de la publicité gratuite. Il n’attend que ça.

Plutôt que de songer à interdire les conférences de Tariq Ramadan, nous devrions songer à expulser au plus vite les imams salafistes et à casser les trafics internationaux qui alimentent le terrorisme islamiste, notamment les trafics de drogue, d’armes et de migrants. En outre, nous devrions comprendre que les propos de Tariq Ramadan représentent malheureusement l’islam « modéré » en Europe. Une modération tout à fait radicale. Quand Tariq Ramadan affirme que l’islam est une religion française, il sait très bien qu’il prononce un mensonge. Le « vivre ensemble » qu’il défend n’est qu’un « vivre avec » qui tournera immanquablement au « subir ensemble ».

Gabriel Robin

Source : Boulevard Voltaire

 

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