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mardi, 05 avril 2016

La Grèce renvoie 202 migrants vers la Turquie, et après ?

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Les échanges controversés de migrants ont débuté dans le calme hier. La Commission européenne espère ainsi décourager ceux qui veulent rejoindre l’Europe. Mais les demandes d’asile risquent de retarder le mécanisme.

Trois bateaux ont ramené hier en Turquie 202 migrants irrégulièrement débarqués en Grèce, tandis que 43 Syriens étaient envoyés de Turquie dans l’Union européenne, dans une répétition générale de la mise en œuvre de l’accord controversé UE-Turquie.

Le plan conclu le 18 mars prévoit que tous ceux arrivés en Grèce depuis le 20 mars seront refoulés s’ils n’ont pas demandé l’asile en Grèce ou si leur demande y a été rejetée au nom de la protection dont ils sont censés jouir en Turquie. En contrepartie, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, l’UE accepte d’en « réinstaller » un autre depuis la Turquie, dans la limite de 72 000.

Une opération bien orchestrée

Ainsi, alors que 202 migrants, dont deux Syriens, effectuaient la traversée d’une dizaine de milles depuis les îles grecques de Lesbos et de Chios hier matin, 32 Syriens atterrissaient à Hanovre en Allemagne, et 11 en Finlande. D’autres étaient attendus aujourd’hui aux Pays-Bas. Ces « réinstallés », surtout des familles, ont été sélectionnées par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) en fonction de leur vulnérabilité. L’opération, bien orchestrée et très médiatisée, respecte à la lettre la date du 4 avril avancée dès la signature de l’accord par la chancelière allemande Angela Merkel. En Grèce, elle s’est déroulée dans le plus grand calme. Sa suite s’annonçait toutefois plus compliquée. Car si les 202 premiers renvoyés semblaient avoir jeté l’éponge, il n’en est pas de même pour la plupart des 6 000 autres consignés sur les îles depuis le 20 mars. Pour Lesbos seule, plus de 2 000 d’entre eux ont déjà demandé l’asile, retardant ainsi leur départ éventuel.

« Ne venez pas, vous serez renvoyés »

Selon Giorgos Kyritsis, porte-parole de l’organe de coordination de la politique migratoire en Grèce, « 30 experts du droit d’asile et des interprètes des pays membres de l’UE » arrivés hier à Athènes doivent être déployés pour former des commissions d’asile sur les îles d’ici au 7 avril.

« Qu’est-ce qui va arriver aux milliers de gens qui ont demandé l’asile quand tout ça va réellement commencer ? », s’interrogeait à Lesbos Gauri Vaugulik, vice-directrice d’Amnesty International Europe.

Pour Panos Carvounis, chef de la représentation de la Commission européenne en Grèce, le « test d’hier a envoyé un signal très fort pour dire aux gens “ne venez pas en Grèce par barque car vous serez renvoyés” ».

Mais au moment même où il s’exprimait, quelque 200 nouveaux migrants parvenaient à rejoindre à leur tour Lesbos depuis les côtes turques.

Source : Le bien public

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