Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 08 avril 2016

François Hollande et le fichage européen des djihadistes : insufffisant

terroriste-youtube-thumb-e1460041977340.jpg

Dans une interview au quotidien allemand Bild, François Hollande juge « insupportable » le retard pris par l’Europe pour le fichage des djihadistes. « C’est ainsi que nous serons plus efficaces et que nous pourrons convaincre les Européens qu’ils sont réellement protégés », « c’est le problème majeur de l’Europe : elle prend souvent trop de temps pour décider ». Notre Président enfonce ainsi des portes ouvertes sur la passoire européenne et sa légendaire lenteur. Un fichage des djihadistes au niveau européen est, certes, indispensable et son retard très préjudiciable, mais François Hollande aurait dû ajouter que seule une politique européenne d’interdiction du retour des djihadistes serait efficace.

En effet, le risque ne fait que s’amplifier et nous avons maintenant au moins trois filières de terroristes à surveiller :
– les retours du djihad et les candidats au départ en Syrie, Irak, Libye, voire en Afrique ;
– ceux qui pourraient être recrutés et formés sur notre territoire, sans passage par un djihad extérieur, comme l’a montré le démantèlement d’un réseau recruté et formé au Maroc en février, avec la présence d’un Franco-Marocain ;
– et enfin, depuis les menaces d’AQMI et les attentats au Mali, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, les djihadistes subsahariens, susceptibles de frapper à la fois les ressortissants et intérêts français en Afrique subsaharienne, mais aussi le territoire français par voie de migration.

Par ailleurs, les attentats de Paris et Bruxelles ont conforté ce que nous savions déjà, à savoir que les réseaux terroristes passent bien par les filières de migration (Balkans et Méditerranée, entre autres), et que l’échange de renseignement antiterroriste au niveau européen pouvait être amélioré (c’est un euphémisme), comme d’ailleurs la coordination au sein même des services spécialisés de chaque pays, y compris la France.

Tout ceci devrait nous conforter à aller plus vite dans un fichage européen des djihadistes, mais aussi à mettre en œuvre des actions communes alternatives de simple bon sens.

En prévention, chaque pays devrait rechercher avec plus de pugnacité et fermeté les réseaux présents sur son territoire. Pour ce qui nous concerne, nous avons nos quartiers sensibles de non-droit (QSN) type « Molenbeek » ou d’autres aussi en zone rurale, qui n’ont pas été assainis alors que nous sommes en période d’état d’urgence. Pour notre malheur, la disparition des RG en 2008 a été une erreur majeure, et la création en 2014 du Renseignement territorial (RT) ne porte pas encore tous ses fruits.

Ensuite, il n’y a pas de politique plus efficace que d’interdire, au niveau européen, le retour des djihadistes. La neutralisation sur place de ceux qui ont pris les armes contre leur patrie ou un autre pays de l’Union européenne s’effectue déjà, en partie, lorsque nous bombardons Daech en Irak ou en Syrie et peut-être bientôt en Libye. À ce niveau, l’appui des services de renseignement syriens avec qui il faut renouer des liens, mais aussi turcs, libyens et africains, est prépondérant.

Des mesures législatives européennes pourraient aussi être prises, comme la déchéance de nationalité des binationaux avec interdiction de séjour dans l’Union européenne, et ce, dès leur départ pour le djihad, mesure qui aurait l’avantage de rendre plus compliqué le retour et engendrer une expulsion immédiate en cas de retour, l’instauration d’une interdiction administrative du territoire européen durant un temps donné pour ce qui concerne les Européens sans autre nationalité, histoire de retarder et compliquer un retour éventuel. À défaut de pouvoir obtenir un accord européen sur ces mesures, faisons-le au moins au niveau national, ce sera toujours mieux que rien.

Les pouvoirs publics semblent tétanisés et attendre le prochain attentat avec angoisse, en se demandant ce que l’on pourrait bien faire de plus. Et bien voilà des propositions.

Philippe Franceschi

Source : Boulevard Voltaire

Les commentaires sont fermés.