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vendredi, 08 avril 2016

Mehdi Massrour, du PS de Roubaix : « On peut avoir peur de l’islam sans être raciste »

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Le chef de file du PS de Roubaix, Mehdi Massrour, figure parmi les premiers signataires du Printemps républicain, un mouvement lancé le 20 mars et qui vise à défendre une laïcité jugée attaquée. Il s’en explique.

Vous avez participé le 20 mars au lancement du Printemps républicain à Paris. Pourquoi avoir rejoint ce mouvement ?

« Parce qu’on assiste à une radicalisation du débat public. Il y a la radicalisation des jeunes qui partent en Syrie, la radicalisation de l’extrême droite et la radicalisation communautaire. Et le reste de la population assiste à ce spectacle avec angoisse. Il faut réagir, travailler sur ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous divise. »

C’est quoi, ce qui nous rassemble ?

« C’est qu’on appartient à une République laïque et qu’on est citoyens français ! Certains commencent à parler de « franco-musulmans ». Ça veut dire quoi ? Aujourd’hui, on cherche de plus en plus à assigner les gens à une identité, et c’est un vrai danger. Parce que quelqu’un est d’origine maghrébine, il devrait être musulman ? On communautarise de plus en plus le débat. Des gens se regroupent entre eux pour défendre l’intérêt de leur groupe, plutôt que de réfléchir à l’intérêt général. »

Le Printemps républicain parle de menaces sur la laïcité. Quelles sont-elles ?

« Il y a des pressions religieuses qui augmentent. On ne peut pas accepter que certains veuillent imposer leurs conceptions religieuses à l’école, à l’hôpital, dans le domaine public. Je suis aussi très gêné de voir le prosélytisme vestimentaire ou capillaire qui règne dans certains quartiers. C’est une façon de juger les autres. »

Défendez-vous une laïcité offensive ?

« Pour moi, il faut défendre la laïcité tout court. Je ne suis pas favorable au port du voile, mais il faut faire attention avec les interdictions, car si on édicte des normes vestimentaires, on n’est pas mieux que l’Iran ! L’interdiction du voile à l’université, par exemple, je suis contre. Je ne suis pas non plus persuadé que ce soit utile d’interdire les crèches dans les mairies. »

Que répondez-vous à ceux qui accusent le Printemps républicain d’islamophobie ?

« C’est une caricature. Pour provoquer, je dirais que je ne vois pas quel est le problème avec l’islamophobie, au sens littéral du terme. Ce n’est pas très étonnant que le Français moyen ait peur de l’islam, vu ce qu’on voit ! Or ce n’est pas parce qu’on a peur de l’islam qu’on est un raciste. Au lieu de lancer des anathèmes sur les réseaux sociaux, il vaudrait mieux expliquer, débattre. Dès que la parole est bannie et qu’on brandit des accusations de racisme, c’est fini. Pour moi, les musulmans ne doivent pas être traités différemment des autres. Ça veut dire qu’on a aussi le droit de les critiquer ou de se moquer d’eux. »

Le Printemps républicain a soutenu la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, qui a comparé les femmes choisissant de porter le voile aux « nègres américains qui étaient pour l’esclavage ». Vous soutenez aussi ?

« Non. Pour moi, elle a dérapé, c’est clair et net. Un ministre ne peut pas tenir des propos de ce genre. La question du voile est beaucoup plus complexe que cela. Encore une fois, on a besoin de débats nuancés, pas de déclarations à l’emporte-pièce. »

Propos recueillis par Bruno Renoul

Source : Nord Eclair

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