jeudi, 21 avril 2016
La fermeture des frontières autrichiennes inquiète ses voisins
Un nombre croissant de réfugiés continue de traverser une Hongrie barricadée pour rejoindre l’Autriche, guidés par des passeurs.
En avril, 24 trafiquants et 520 réfugiés ont déjà été appréhendés dans le Burgenland, la région la plus à l’Est de la république alpine. Le gouvernement régional envisage déjà de prendre des mesures supplémentaires.
Le ministre de la Défense national, Hans Peter Doskozil, a défendu la politique inflexible de Vienne par rapport aux réfugiés en pointant du doigt la popularité accrue du parti nationaliste d’extrême droite, le Parti des libertés (FPÖ). Le ministre estime que la seule façon de bloquer l’ascension de son dirigeant, Heinz-Christian Strache, est d’adopter une attitude stricte.
Ce week-end, même le chancelier, Werner Faymann, a conseillé à son homologue allemande, Angela Merkel, d’envisager de fournir des visas de transit aux réfugiés aux frontières externes de l’UE.
La possibilité de voir se dresser encore davantage de contrôles aux frontières au cœur de l’Europe a provoqué un débat paneuropéen. Les autorités de la province autonome italienne du Sud-Tyrol, qui partage une longue frontière avec l’Autriche et a une histoire mouvementée, écartelée entre l’Autriche et l’Italie, ont également exprimé leur inquiétude. Le parti populaire du Sud-Tyrol a averti que la réinstauration de contrôles serait un « signal négatif » adressé à ses voisins.
Mêmes inquiétudes en Frioul-Vénétie Julienne, à la frontière du land autrichien de Carinthie. « Les pays de l’UE, dont l’économie est basée sur la libre circulation des personnes et des biens, ne peuvent pas autoriser une réinstauration des contrôles aux frontières. L’Autriche devrait ouvrir un dialogue », plaide sa présidente, Debora Serracchiani.
Federica Mogherini, membre italienne de la Commission Juncker, a également appelé le gouvernement autrichien à réévaluer sa politique vis-à-vis des réfugiés.
Vienne a tenté de se défendre en exigeant que l’Italie mette un terme à son attitude de « laissez passer » des immigrants vers l’Autriche. L’ancien président, Heinz Fischer, s’est également fendu d’une lettre ouverte, publiée par La Repubblica, dans laquelle il assure que les rumeurs de fermeture du col du Brenner, un point de passage extrêmement important entre les deux pays, sont « fausses et trompeuses ».
Ces derniers mois, Vienne s’est efforcée de convaincre que la crise des réfugiés et l’introduction de quotas ne devraient pas mettre en danger le principe de la libre circulation des biens et personnes. L’Autriche justifie son action par le manque de « protection efficace des frontières externes de l’Europe ».
Plus à l’Ouest, le ministre-président de la Bavière, Horst Seehofer, a salué les mesures autrichiennes face à la crise des réfugiés, un sujet sur lequel il est en désaccord avec la chancelière, Angela Merkel, et a assuré que celles-ci sont conformes aux « intérêts bavarois ».
Herbert Vytiska
04:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
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