samedi, 23 avril 2016
L’école de la république bientôt pépinière pour Frères musulmans !
La décision prise par le ministère des Affaires religieuses avec l’accord du ministre de l’Education nationale consistant à organiser des apprentissages du Coran pendant l’été dans les écoles publiques est une nouvelle régression de la Tunisie et n’a pas pu naître que grâce à l’alliance entre les Frères musulmans d’Ennahdha et les ex-RCDistes de Nidaa Tounes.
Certains applaudissent déjà ! Et nous disent même, que dans le fond, ce n’est pas mal que nos enfants apprennent le Coran dans les écoles et nous assurent que cet apprentissage se fera sur la base d’une ouverture par des enseignants éloignés de tout sectarisme et de tout fanatisme !
D’autres y voient une bonne chose, oubliant que ce sont les Frères musulmans qui ont imposé cette réforme à leur allié Nidaa qu’ils dominent totalement, pour mieux duper ceux qui s’inquiètent de la prolifération anarchique des écoles coraniques comme cela s’est produit en Afghanistan, au Pakistan et bien d’autres pays où le salafisme s’installe !
Une décision grave de conséquence
Si les Frères ont eu cette idée machiavélique, elle n’est qu’une façon contournée de poursuivre leur programme de ré-islamiser une société tunisienne, prétendant qu’elle s’est écartée de l’islam; alors qu’en réalité, ils veulent la convertir au wahhabisme en lieu et place de son malékisme et soufisme ancestraux.
Ils impliquent ainsi les républicains progressistes dans leur projet d’islamisation de la société en instrumentalisant officiellement l’école et les enseignants de la république… avec l’aval de Béji Caïd Essebsi et de Nidaa Tounes.
Quand au «programme» qui sera inculqué aux élèves, les «Frères» peuvent bien compter sur leurs sympathisants dans l’enseignement pour assurer l’endoctrinement des élèves et leur conversion au wahhabisme pour en faire, plus tard, de parfaits petits soldats au service d’Ennahdha. Rappelez-vous ce que disait Abdelfattah Mourou au prédicateur salafiste jihadiste Wajdi Ghanim: «Occupons-nous de gagner leurs enfants à notre cause».
Car personne n’est dupe : ils ne se contenteront pas de faire réciter le Coran; puisqu’ils en donneront aussi leur «lecture», conforme au wahhabisme.
Quelle que soit la façon dont cet apprentissage se fera, il ne peut que conduire à affaiblir encore – si besoin en était – le sens du raisonnement et de la réflexion des jeunes.
Quand on constate le délabrement de l’enseignement et le niveau absolument médiocre des élèves, on se demande vraiment si la solution passe par un apprentissage du Coran c’est-à-dire par un appel à la mémoire et non à la raison.
N’y avait-il pas mieux à faire pour mieux armer les élèves et pour les aider à comprendre le monde dans lequel ils vivent, que de mettre à profit les vacances scolaires pour aider à l’amélioration de leurs connaissances, particulièrement pour les plus démunis ayant accumulé des retards dans certaines matières, comme les mathématiques, la physique, la chimie?
L’école de la république est un lieu de savoir
Utiliser les locaux de l’école républicaine voulue par Bourguiba pour instruire les jeunes tunisiens à des fins d’endoctrinement à l’islamisme est une faute majeure. Car l’éducation religieuse et civique peut avoir sa place dans le programme de culture générale par l’enseignement du fait religieux et de l’histoire des différentes obédiences en donnant les clefs philosophiques aux élèves pour les comprendre tout en développant leur libre arbitre.
Comment les enseignants pourront-ils enseigner aux élèves la formation du monde au cours des millénaires alors que le Coran et les autres textes sacrés du monothéisme nous disent, contre toute évidence, que le monde a été créé en sept jours?
Comment l’école républicaine fera-t-elle pour promouvoir l’égalité des hommes et des femmes face aux enseignements du Coran, qui prône la suprématie de l’homme?
N’aurait-il pas été plus judicieux de développer l’enseignement de l’informatique, des langues vivantes, des arts, de faire faire du sport… qui seront plus utiles aux élèves que de mémoriser dans sa totalité le Coran ? Un collectif d’artistes a fait un appel en ce sens.
Que les jeunes reçoivent une éducation religieuse, pourquoi pas. Mais ce doit être la responsabilité des mosquées sous le contrôle des parents et cela ne doit pas se faire dans les écoles publiques au détriment de beaucoup d’autres activités culturelles et sportives.
Il est clair que cette décision est dictée par la volonté d’«islamiser» le pays et cette volonté, il faut être aveugle pour ne pas voir d’où elle vient. Elle fera un peuple d’ignorants, inadapté au monde d’aujourd’hui et de demain, confit en dévotion, qui ne saura raisonner que de façon binaire à discerner entre le haram (illicite) et le halal (licite).
L’argument de certains naïfs, qui n’ont pas peur des paradoxes, est que cet enseignement et cette ouverture sur le spirituel, donneront des raisons aux jeunes d’espérer et de ne pas se jeter dans le terrorisme et l’islamisme violent.
On croit rêver ! Ce qu’il faut pour donner aux jeunes de l’espoir, c’est au contraire une bonne formation, des bases pour développer leur libre-arbitre et des débouchés sur le terrain. D’ailleurs, très souvent, les tartufes envoient leurs enfants dans les meilleures écoles en Occident, réservant les écoles coraniques aux petites gens pour les mener où ils veulent en leur promettant le paradis pour demain.
Et puis où est la liberté de conscience c’est-à-dire celle de croire ou de na pas croire lorsque ces cours sont organisés dans les écoles de la république et que ceux qui ne les fréquenteront pas seront montrés du doigt et traités de mécréants? Est-ce cela la liberté en Tunisie?
Cette décision proprement scandaleuse ne va en réalité concerner que le petit peuple dont on va embrigader les enfants, les autres iront passer leurs vacances à la plage ou à l’étranger ou à améliorer leur formation dans des écoles privées.
Le mélange des genres est très mauvais et c’est bien sûr ce que veulent les obscurantistes de tous bords !
Rachid Barnat
10:13 | Lien permanent | Commentaires (0)
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