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mardi, 10 mai 2016

Pour Pierre Moscovici, « l’Europe n’a pas de racines chrétiennes »

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Réagissant à l’élection de Sadiq Khan à la mairie de Londres, dans un débat qui l’opposait à Nicolas Dupont-Aignan sur BFM TV, Pierre Moscovici a déclaré : « Même si, c’est vrai, sur notre continent, il y a une majorité de population qui est, disons, de religion ou de culture chrétienne, l’Europe n’est pas chrétienne. Je ne crois pas aux racines chrétiennes de l’Europe. Je crois que l’Europe est diverse, unie et diverse. » Puis l’homme politique socialiste, ancien ministre de l’Économie de Jean-Marc Ayrault et actuel commissaire européen aux Affaires économiques et sociales, a complété son propos en affirmant que l’événement londonien constituait « […] un symbole de progressisme et d’européisme. Un beau symbole. »

Au juste, les racines de l’Europe ne sont pas exclusivement chrétiennes. Elles sont aussi issues des mythes de l’Antiquité préchrétienne, qu’ils soient grecs, romains, celtes ou germaniques. L’Europe s’est, en outre, construite autour de la philosophie, du logos grec, du stoïcisme, de la raison ; puis, bien plus tard, de l’humanisme sécularisé qui s’est déployé de la Renaissance jusqu’à nos jours.

Mais il faudrait être particulièrement aveugle pour nier la place prépondérante qu’occupa, et que continue d’occuper, le christianisme dans l’identité européenne au sens large. Les paysages du continent sont peuplés de monastères, basiliques, cathédrales et autres temples ; de la France, fille aînée de l’Église depuis le baptême de Clovis, à la très catholique Espagne, en passant par des endroits évangélisés beaucoup plus tardivement, comme la farouche Lituanie ou la lointaine Islande.

Si, comme le croyait Chesterton, le monde moderne est « plein de vertus chrétiennes devenues folles », c’est bien que le christianisme a contribué à le façonner. L’Europe, cœur du monde occidental, est la matrice de ce monde contemporain, dit « moderne », que Pierre Moscovici défend ardemment, jusqu’au fanatisme. L’Union européenne mondialiste, vide d’une identité charnelle, procède d’ailleurs d’une subversion de l’universalisme chrétien. Pierre Moscovici, lui-même formé à la pensée trotskiste, ne doit probablement pas le comprendre. Ou trop bien.

Qu’a voulu dire Pierre Moscovici ? Que son européisme est un cosmopolitisme. L’histoire, les racines et les traditions de l’Europe lui sont étrangères. Pour lui, le principal mérite de l’Union européenne actuelle est de refroidir les passions nationales, c’est-à-dire d’étouffer méthodiquement les identités politiques des peuples qui la composent. Il aurait pu reprendre in extenso le célèbre extrait d’un éditorial de 1985 du magazine Globe, signé par son ami Bernard-Henri Lévy : « Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binious, bref, “franchouillard” ou cocardier, nous est étranger, voire odieux. »

Les élites politiques « européennes » non élues n’ont pas plus d’affection pour l’Europe réelle que nos élites nationales n’en ont pour la France réelle. Pierre Moscovici, représentant de l’Europe légale, veut une Europe déracinée. Quant aux peuples, ils peuvent être remplacés par des millions de migrants, du moment qu’ils servent l’économie fictive. Et puis, si l’Europe n’a pas de racines chrétiennes, ou de racines tout court, qu’est-ce qui pourrait donc l’empêcher d’accueillir un jour la Turquie, le Maghreb et même l’Afrique dans sa future Union ?

Gabriel Robin

Source : Boulevard Voltaire

 

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