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vendredi, 13 mai 2016

Manif anti-migrants à Calais: 50 jours-amende à 10 euros requis à l'encontre du général Piquemal

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Cinquante jours-amende à dix euros ont été requis jeudi à Boulogne-sur-mer à l'encontre du général Christian Piquemal, jugé pour avoir participé à une manifestation hostile aux migrants organisée par l'extrême droite à Calais le 6 février malgré l'interdiction des autorités.

Le jugement a été mis en délibéré au 26 mai.

Agé de 75 ans, l'ancien grand patron de la Légion étrangère de 1994 à 1999 était notamment poursuivi pour "organisation d'une manifestation interdite sur la voie publique". Officier de la "deuxième section", il n'est plus en activité, mais toujours à la disposition de l'armée.

Le ministère public s'est dit "certain" que le général a été "l'organisateur de cette manifestation", invoquant pour preuve une vidéo diffusée lors de l'audience où on entend des manifestants crier "+Général! Général!+", faisant de l'homme de 75 ans un leader, selon le parquet.

Pour le procureur Jean-Pierre Valensi, M. Piquemal a pris "la tête de la manifestation" et sa prise de parole avec un mégaphone lors du rassemblement est "la concrétisation de ce rôle d'organisateur".

"Ce n'est pas l'organisateur de droit, mais l'organisateur de fait. C'est un moyen bien connu des réseaux d'extrême droite: certaines personnes organisent la manifestation de droit en déposant une demande en préfecture, mais ne participent pas au rassemblement, et d'autres sont organisateurs de fait", a affirmé M. Valensi.

"Je suis formel, j'ai participé à la manifestation, mais je n'étais pas l'organisateur", s'est défendu M. Piquemal.

Le général était également poursuivi pour "participation sans arme à un attroupement qui ne s'est pas dissout après sommations de se disperser". Mais il a répété à l'audience qu'il n'avait "pas entendu les deux premières sommations" et qu'il avait "cessé de manifester lors de la troisième". Cet argument est "un classique" des manifestants, a répondu M. Valensi.

Dans ses réquisitions, celui-ci a cependant retenu "l'absence de débordements" lors de cette manifestation à l'appel du mouvement islamophobe Pegida et "le passé glorieux" du général.

"Une condamnation serait inhumaine. Ce serait une preuve de courage, de justice et d'humanité de prononcer la relaxe" du général, a estimé l'un des avocats de M. Piquemal, Me Gerald Pandelon, lors de sa plaidoirie.

"L'organisation est-elle synonyme de participation ? Peut-on dire qu'il y avait une participation prépondérante du général dans cette manifestation ? Toute manifestation est appelée à troubler l'ordre public, mais à quel moment se situe le trouble ?", a lancé pour sa part Me Dominique Matteï, son autre avocat.

"C'est un grand moment de tristesse quand le rideau de la justice tombe sur la vie d'un grand serviteur de l'Etat", a-t-il ajouté.

Les événements du 6 février "m'ont débordé, j'ai seulement voulu participé à un débat d'idées, je regrette l'évolution des événements et je regrette de comparaître devant une juridiction pénale à mon âge", a conclu M. Piquemal, chiffonnant frénétiquement une feuille griffonnée, dans son costume bleu marine.

Devant le tribunal, une dizaine de personnes se sont rassemblées dans le calme pour soutenir l'ancien militaire, dont David van Hemelryck, le meneur du collectif "Hollande démission".

Source : Afp via le Point

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