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vendredi, 27 mai 2016

Les partisans du Brexit misent sur le thème de l’immigration pour l’emporter

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L’immigration européenne vers le Royaume-Uni est au plus haut.Le camp du Brexit veut « reprendre le contrôle » des frontières.

Ce sont les dernières statistiques sur l'immigration en Grande-Bretagne, et elles sont ultrasensibles à quatre semaines du référendum sur l'Europe. L'an dernier, l'immigration nette (les arrivées moins les départs) vers le Royaume-Uni a atteint 333.000 personnes. Un afflux aussi important n'avait été atteint qu'une seule fois dans l'histoire du pays. L'immigration en provenance de l'Union européenne, qui représente désormais près de la moitié du total, est elle aussi proche de ses plus-hauts. La semaine dernière, d'autres statistiques avaient montré une hausse de 11 % en un an du nombre de travailleurs européens en Grande-Bretagne. Ils sont maintenant 2,1 millions, un record, dont 1,2 million issu des pays de l'ancien bloc soviétique, Pologne en tête.

Ces données confirment que le Royaume-Uni est devenu un pays d'immigration européenne massive depuis l'élargissement de l'UE en 2004. Elles sont une aubaine pour les partisans du Brexit. A les entendre, la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union serait la seule façon d'échapper au principe de libre circulation des travailleurs au sein du groupe des Vingt-Huit. « Si vous votez pour rester (membre de l'UE) le 23 juin, vous dîtes adieu de façon permanente au contrôle de l'immigration », a lancé jeudi l'ex-maire conservateur de Londres Boris Johnson. « L'immigration de masse est toujours hors de contrôle et elle va s'aggraver si nous restons dans l'UE », a dit Nigel Farage , leader du parti europhobe Ukip.

Jouer sur les peurs

Sur ce terrain, le camp pro-européen est sur la défensive. Le Premier ministre David Cameron avait promis de réduire l'immigration vers le Royaume-Uni à moins de 100.000 par an, un objectif qui paraît hors d'atteinte aujourd'hui. Le secrétaire d'Etat chargé de l'Immigration, James Brokenshire, n'a pu qu'admettre que les chiffres étaient « décevants ». « Mais quitter l'UE n'est pas la solution », a-t-il argumenté. Pour le camp proeuropéen, la Grande-Bretagne serait contrainte d'accepter une certaine liberté de circulation, même en sortant de l'Union si elle voulait préserver son accès au marché unique, au même titre que la Suisse et la Norvège. « Si les gens viennent ici, c'est parce que le Royaume-Uni est l'une des économies les plus performantes d'Europe et que les entreprises créent des d'emplois », a souligné l'Institute of Directors, une organisation patronale.

Mais ce discours passe mal auprès d'une partie de la population qui accuse les nouveaux arrivants de surcharger les services publics et d'aggraver la pénurie de logements. Migration Watch, un think tank qui milite pour la réduction de l'immigration, joue sur ces peurs : l'Angleterre est déjà « trois fois plus dense que la France », il faudrait construire « un nouveau logement toutes les six minutes pendant vingt ans » pour répondre à la demande... « Le thème de l'immigration va devenir dominant dans les dernières semaines de la campagne », prédit John Curtice, politologue à l'université de Strathclyde. « Le camp européen est en train de gagner le débat sur l'économie. Si les partisans du Brexit veulent l'emporter, leur seule option est de parler d'immigration, d'immigration et encore d'immigration », explique Matthew Goodwin, de l'université du Kent.

Vincent Collen

Les Echos

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