vendredi, 03 juin 2016
Équipe de France de foot, ou le communautarisme érigé en norme
« Benzema et Ben Arfa sont deux des meilleurs joueurs français et ne seront pas à l’Euro. Et, pour sûr, [ils] ont des origines nord-africaines […] Deschamps, il a un nom très français. Peut-être qu’il est le seul en France à avoir un nom vraiment français. Personne, dans sa famille, n’est mélangé avec quelqu’un, vous savez. »
C’est par cette déclaration qu’Éric Cantona allumait la première mèche. Il fut un grand joueur, certes ; il sait aligner les sujet-verbe-complément dans le bon ordre, oui ; c’est une grande gueule qui dit ce qu’il pense, peut-être ; mais de celle qui ferait passer BHL pour Spinoza et Musso pour Hugo. Ses propos ne révèlent qu’une chose : sa pauvreté intellectuelle tout juste utile à servir de mètre étalon pour mesurer la bêtise qui l’habite, mais bien inutile dans la dénonciation de l’antiracisme dogmatique.
La sortie, quelques jours plus tard, de Jamel Debbouze est bien plus intéressante :
« N’avoir aucun de nos représentants en équipe de France […]. On leur en voudra toujours d’être ce qu’ils sont. »
Par l’emploi du « nos », l’acteur érige le communautarisme en norme. L’équipe de France, symbole de la nation, n’est plus un effectif de footballeurs français mais un groupe soumis à un contractualisme diversitaire, vidé alors de toute identité commune. Le phénomène n’est pas nouveau. On repense à l’équipe black/black/black que dénonçait Alain Finkielkraut, dont on pouvait objectivement critiquer la dérive idéologique dans laquelle il se laissait entraîner, mais qui n’était qu’une réponse au péché originel de nos chargés de conscience qui, au lendemain de 1998, se félicitaient de l’équipe black/blanc/beur, porte-étendard de notre identité redéfinie habilement par le prisme racialiste.
Taper sur Cantona, Debbouze ou Benzema, qui déclarait tout récemment que « Deschamps a cédé sous la pression d’une partie raciste de la France » (très grande partie puisque 70 % des Français déclaraient, en février, ne pas vouloir voir Karim Benzema en bleu), peut être légitime mais, au-delà du semblant de soulagement cathartique, ce serait accorder bien trop d’importance à ces pions intéressés du multiculturalisme.
Le football ne ment pas. Les prétextes peuvent fleurir mais, cette fois-ci, les Français ne sont pas dupes. Il serait bien dommage de rater cette occasion de désigner les vrais coupables — comme, par exemple, le président de la Fédération française de football qui, au sujet de Benzema, déclarait il y a quelques mois : « Il faudrait dire quoi ? À mort l’Arabe ? » — qui, aujourd’hui, s’indignent des propos de ceux qu’ils ont pourtant biberonnés à leur idéologie. Ces coupables ont désigné la nation comme cible prioritaire à déconstruire, par la création d’une nouvelle sociologie ethnique où même l’enraciné s’auto-communautarise dans un réflexe de repli sur soi artificiel. Il est temps de s’attaquer à la racine du mal, sans tomber dans les codes que cette nouvelle religion tente d’imposer.
Arthur de Watrigant
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