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mercredi, 15 juin 2016

Le profil du tueur de Magnanville réveille les demandes d'enfermement préventif à droite

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A chaque attaque, les mêmes réflexes. Passé un temps de compassion de plus en plus court, les critiques visant le "laxisme" du gouvernement se sont mises à pleuvoir après la mort de deux policiers, tués à Magnanville (Yvelines) par un jeune homme de 25 ans se revendiquant de l'Etat islamique.

Larossi Abballa, originaire de Mantes-la-Jolie, avait déjà été jugé et condamné en 2013 à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes" en lien avec le Pakistan. Fiché S, le suspect était théoriquement dans les radars des services de renseignement qui n'ont donc pas pu ou su anticiper son geste. Un profil qui a immédiatement réveillé les partisans à droite et à l'extrême droite de mesures d'enfermement préventif visant toutes les personnes présumées proches de l'islamisme radical.

Sur Itélé, le secrétaire général adjoint des Républicains Eric Ciotti a d'emblée ressorti sa proposition d'assigner de manière préventive en centre de rétention tous les individus fichés par les renseignements. "Ces personnes doivent être placées en centres de rétention" au nom d'un "principe de précaution", martèle le député des Alpes Maritimes qui estime à "environ un millier" les personnes identifiées par la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure) présentant "une dangerosité forte".

"La notion de dangerosité terroriste doit entrer dans notre loi pour prévenir les crimes des tueurs du radicalisme islamique", s'est enflammé sur son compte Twitter le député apparenté FN Gilbert Collard, après avoir dénoncé un "gouvernement de lâches incapables".

Egalement partisan d'un enfermement préventif des individus fichés, le président LR de la région Rhône-Alpes-Auvergne Laurent Wauquiez a appelé à l'action, tout comme la députée des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer.

La présidente (LR) de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, également députée des Yvelines, a elle-aussi demandé l'ouverture de ces "centres de rétention" en Ile-de-France."Maintenant, c'est à François Hollande et à Manuel Valls de nous dire ce qu'ils vont faire. Je leur dis que je pense que la riposte contre ces terroristes doit monter d'un cran, là maintenant, tout de suite", a-t-elle déclaré également sur iTÉLÉ, se disant "à la disposition" de l'exécutif.

Pour l'ancien premier ministre François Fillon (LR), "le meurtrier, déjà condamné pour participation à une filière djihadiste, aurait dû être mis hors d’état de nuire". "Les condamnés pour terrorisme doivent faire de la prison ferme, sans aucun sursis ou mise à l’épreuve !", a affirmé dans un communiqué le candidat à la primaire à droite.

Dans un communiqué de presse, le président de Debout la France Nicolas Dupont Aignan affirme de son côté que "le gouvernement et le président de la République portent une importante part de responsabilité dans ce qui est arrivé". Le candidat à la présidentielle réclame, entre autres, "l’assignation à résidence immédiate en territoire éloigné des djihadistes de nationalité française, connus des services de renseignement".

Plus prudent, le président des Républicains Nicolas Sarkozy ne réclame pas de mesures de rétention mais affirme que "notre niveau de vigilance doit être adapté sans délai".

Le Conseil d'Etat opposé à la rétention arbitraire

Après les attentats de novembre 2015, François Hollande avait accepté de soumettre à l'avis du Conseil d'Etat la requête des Républicains visant à créer des centres de rétention censés accueillir des suspects. La haute autorité administrative avait alors écarté cette hypothèse, rappelant que dans un Etat de droit, "toute détention doit être décidée par l’autorité judiciaire ou exercée sous son contrôle".

Le gouvernement avait également envisagé la possibilité d'enfermer dans des centres de rétention uniquement les personnes ayant déjà été condamnées pour des actes de terrorisme. Le Conseil d'Etat n'avait pas totalement exclu ce scénario, tout en posant une condition rendant de fait la mesure inopérante à court terme: seuls les condamnés postérieurement à la publication de la loi pourraient être concernés.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a indiqué que "plus de cent individus représentant une menace pour la sécurité des Français" ont été "arrêtés depuis le début d'année 2016".

Geoffroy Clavel
 

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