mardi, 21 juin 2016
France/Abattoirs: juifs et musulmans refusent l'étourdissement
Selon les représentants des 2 cultes, l'abattage rituel ne doit pas devenir un argument de stigmatisation
Les dignitaires religieux juifs et musulmans ont redit jeudi devant les députés leur refus d'utiliser l'étourdissement préalable des animaux lors de l'abattage rituel, mais se sont dit prêts à étudier d'autres pistes pour améliorer le bien-être animal.
"Il y a récemment eu une réunion avec la mosquée de Paris, celle d'Évry et le Conseil français du culte musulman (CFCM) et le consensus qui a prévalu a été: non, pas d'électronarcose ni en pré- ni en post-jugulation", a déclaré le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, lors d'une audition de la commission d'enquête parlementaire sur les abattoirs, mise en place suite à des scandales de mauvais traitements d'animaux.
L'électronarcose, un procédé utilisé dans les abattoirs, provoque l'étourdissement des animaux grâce un courant électrique avant qu'ils ne soient tués. C'est une technique que refusent les deux cultes qui demandent que l'animal soit conscient au moment où il est égorgé.
Bruno Fiszon, grand rabbin de Metz et de la Moselle, a rappelé pour sa part que "l'étourdissement n'est pas indolore" et que l'hémorragie massive qui garantit une mort très rapide à l'animal lors d'un abattage rituel "doit être comparée à l'étourdissement préalable".
"Aujourd'hui l'étourdissement n'est pas la panacée et il faut travailler ensemble pour améliorer les conditions d'abattage", a-t-il assuré.
"Il faut prendre ensemble conscience qu'on a des choses à améliorer et s'il y a de nouvelles techniques qui arrivent, conformes aux réglementations en place et aux lois religieuses, on saura s'adapter", a ajouté le grand rabbin de France, Haïm Korsia.
Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon, s'est dit prêt à mettre en place avec les abattoirs une formation pratique pour les "sacrificateurs", le nom donné aux personnes agréées pour l'abattage rituel.
Les représentants des deux cultes ont toutefois prévenu que l'abattage rituel ne devait pas devenir un argument de stigmatisation.
"Est-ce que parce que nous sommes musulmans ou juifs nous sommes des barbares ?", s'est emporté M. Kabtane.
"Quand le 1er ministre dit, +la France sans les Juifs n'est plus la France+, il y aurait une injonction paradoxale à dire votre place est en France mais vous ne pouvez pas manger casher", a prévenu M. Korsia indiquant que "si on ne pouvait pas produire de la viande casher en France nous serions obligés d'aller la chercher ailleurs".
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