mardi, 21 juin 2016
Géographie du Brexit: la campagne anglaise contre Londres et l'Ecosse
Le Royaume-Uni se déchire à l'approche du référendum sur l'Union européenne, y compris sur le plan géographique, les grandes villes et l'Écosse étant majoritairement europhiles, alors que la campagne anglaise plébiscite le Brexit.
"C'est la province anglaise contre Londres et les Celtes", résume l'ancien président de l'institut de sondage YouGov, Peter Kellner.
LE ROYAUME-UNI PRO-EU
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- Londres: ville-monde de 8,6 millions d'habitants, la capitale britannique est, selon tous les sondages, résolument en faveur d'un maintien, dans des proportions avoisinant les 60%.
Avec la City, majoritairement pro-UE, Londres possède un des plus grands centres financiers du monde. C'est aussi une mégapole cosmopolite, dont 37% de la population est née à l'étranger.
"Les endroits les plus europhiles du Royaume-Uni sont aussi les plus cosmopolites. Avec une population habituée aux échanges avec l'Europe, mieux éduquée et qui voit généralement d'un bon oeil la mondialisation", explique à l'AFP le professeur Ron Johnston, spécialiste en géographie électorale.
Ce qui vaut pour Londres vaut également dans une moindre mesure pour les autres grandes villes anglaises. "Les villes universitaires avec une population jeune comme Liverpool, Manchester, York ou Bristol figurent parmi les plus europhiles", note l'institut YouGov dans une étude.
- L'Écosse: des quatre nations constituantes du Royaume-Uni, l'Écosse est la plus pro-UE, et de loin. Un récent sondage Ipos-Mori donne les partisans d'un maintien à 64%, contre 36% à préférer un Brexit.
"Traditionnellement, l'Écosse a toujours eu des liens plus forts avec l'Europe, en particulier la France, relève le professeur Johnston. C'est aussi Édimbourg, et non Londres, qui était au coeur du +British Enlightenment+, le siècle des lumières britannique. Les universités d'Édimbourg, St Andrews et Glasgow sont plus anciennes que la plupart des universités anglaises. D'où un cosmopolitisme plus important".
Le parti national écossais SNP s'appuie sur ce courant europhile pour plaider la cause de l'indépendance. Aimer l'Europe est aussi pour certains une opportunité de "se débarrasser des Anglais", ajoute M. Johnston.
L'Irlande du nord est également majoritairement pro-UE. "Le cas du Pays de Galles intrigue davantage, il n'est pas aussi pro-Brexit que l'Angleterre mais certainement plus que l'Écosse et l'Irlande du Nord", affirme Charles Pattie, professeur de géographie politique à l'Université de Sheffield, à l'AFP.
LE ROYAUME-UNI PRO-BREXIT
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- La province anglaise: la campagne anglaise, les "Green Belts", ces ceintures vertes encerclant les grandes villes, constituent le principal réservoir pro-Brexit.
C'est là que vivent les populations se sentant le plus menacées par l'immigration qui viendrait grignoter leur territoire et peser sur les services publics.
"L'immigration de masse va nous contraindre à construire sur une grande partie des +Green Belt+ pour répondre à la demande de logements", prévient Chris Grayling, le leader de la Chambre des Communes qui est un des principaux avocats du Brexit.
"On enregistre le plus fort soutien d'un Brexit dans le ventre de l'Angleterre, en particulier dans les Midlands, autour de certaines vieilles villes industrielles du nord et les côtes sud et est du pays", souligne Charles Pattie.
"Ce sont surtout les personnes aux revenus modestes qui se sentent menacées par l'immigration", ajoute Ron Johnston.
- Les stations balnéaires. Les "seaside towns" sont particulièrement pro-Brexit et constituent le territoire de chasse privilégié du parti anti-immigration Ukip. Son unique député élu, Douglas Carswell, possède son fief à Clacton, sur la côte est.
Destination de vacances prisée jusque dans les années 1950, "les stations balnéaires britanniques sont, à quelques rares exceptions comme Brighton, tombées en décrépitude", avec la démocratisations des voyages bon marché au soleil, souligne Ron Johnston.
Les commerçants et touristes ont été remplacées par une population vieillissante, souvent peu qualifiée et majoritairement blanche, "chassée des grandes villes par des loyers qu'ils ne peuvent pas payer", selon M. Johnston.
Dans les stations balnéaires, l'immigration est moins présente que dans les grandes villes. Pour autant, elle y constitue le principal argument en faveur d'un Brexit.
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