mardi, 21 juin 2016
Trump multiplie les propos et les propositions hostiles aux musulmans
Il en a fait une sorte de fonds de commerce, affirmant, notamment à la suite des attentats de Bruxelles, le 22 mars, que les musulmans « ne s’intègrent pas dans d’autres pays ». Le magnat de l’immobilier pense aussi que « l’islam hait » l’Amérique, et affirme, comme en novembre 2015, qu’il a vu des images de musulmans célébrant aux Etats-Unis les attentats du 11-Septembre – une légende urbaine souvent démentie.
- L’invitation à recourir au profilage
Une semaine après la tuerie d’Orlando commise par un Américain né de parents afghans qui s’est réclamé de l’organisation Etat islamique, M. Trump, lors de l’émission Face the Nation, sur CBS, dimanche 19 juin, a estimé que les Etats-Unis devraient « commencer à réfléchir » à des mesures de profilage des musulmans afin de lutter contre les attaques d’inspiration djihadiste.
« Vous savez, je déteste le concept du profilage. Mais nous devons commencer à utiliser le bon sens et à nous servir de notre cerveau. Des pays y ont recours, comme Israël et d’autres, et cela marche en ce qui les concerne. Ce n’est pas la pire des choses à faire. »
- Les appels à la construction d’un mur, à la fermeture des frontières ou à la création d’un fichier
Dès son entrée en campagne, M. Trump a fait de l’immigration l’un de ses thèmes favoris. Il a notamment proposé de construire un « mur géant » le long de la frontière avec le Mexique pour empêcher l’immigration clandestine, d’expulser onze millions d’étrangers sans papiers du territoire ou de ne plus appliquer le droit du sol aux enfants nés aux Etats-Unis de parents étrangers en situation irrégulière.
Quelques jours après les attentats du 13 novembre en région parisienne, M. Trump a évoqué la fermeture des frontières aux réfugiés syriens, car, disait-il, « quand [ils] commenceront à arriver nombreux dans notre pays, on ne saura pas s’ils font partie de l’Etat islamique, on ne saura pas s’ils sont un cheval de Troie ».
Dans la foulée, M. Trump a proposé de ficher tous les musulmans vivant aux Etats-Unis – une mesure comparée par ses adversaires aux fichiers de juifs établis par les nazis. Interrogé sur la façon spécifique dont les musulmans devraient se faire enregistrer, il avait répondu de manière vague : « Dans divers endroits. On s’inscrit dans divers endroits. Mais c’est une question de gestion, notre pays n’a pas de gestion. »
Après la tuerie de San Bernardino, en Californie, commise le 2 décembre par un couple de musulmans radicalisés, M. Trump a annoncé que s’il était élu, il fermerait provisoirement les frontières des Etats-unis à tous les musulmans.
« Quand je serai élu, je suspendrai l’immigration en provenance de régions du monde ayant un passé avéré de terrorisme contre les Etats-Unis, l’Europe ou nos alliés, jusqu’à ce que l’on comprenne pleinement comment mettre fin à ces menaces. »
Il avait justifié cette mesure « temporaire » en la comparant à celle prise par Franklin Roosevelt concernant les Japonais et les Allemands pendant la seconde guerre mondiale.
- La demande d’une surveillance des mosquées
Le 15 juin, M. Trump a lancé, lors d’un rassemblement électoral à Atlanta, que si le tireur d’Orlando est né aux Etats-Unis, « ce n’est pas le cas de ses parents, et ses idées ne sont pas non plus nées ici ». « Nous devons peut-être surveiller respectueusement les mosquées et le faire avec d’autres lieux, parce que ce problème dévorera notre pays si nous ne le réglons pas. » Il avait déjà fait une proposition similaire, en novembre, à la suite des attentats en France.
- L’accusation de complicité de la communauté musulmane
« Nous avons besoin de centres de renseignement, car les gens des communautés où ces gens habitent savent qu’il y a quelque chose de bizarre, a déclaré le 13 juin M. Trump dans une interview téléphonique sur CNN. Mais ils n’appellent pas la police, ils ne dénoncent pas au FBI […] Les musulmans doivent dénoncer ces gens-là. »
Le 23 mars, au lendemain des attentats de Bruxelles, il avait, sur la chaîne britannique ITV, accusé les musulmans de ne pas s’impliquer suffisamment dans la prévention des attentats.
« Quand ils voient qu’il y a un problème, ils doivent le signaler. Mais ils ne le signalent pas du tout, et c’est un gros problème. […] C’est vraiment comme s’ils se protégeaient les uns les autres. »
- Les accusations à l’encontre de Barack Obama
A la suite de l’attentat d’Orlando, dans une série d’interviews, sur Fox & Friends et NBC, le milliardaire a critiqué le président Barack Obama pour son refus de parler d’« islam radical » afin de ne pas stigmatiser la religion musulmane. En septembre, lors d’un meeting à Rochester dans le New Hampshire, un homme avait affirmé que M. Obama était musulman, sans que le candidat le corrige.
M. Trump a longtemps mené le camp des birthers aux Etats-Unis, ceux qui croient que M. Obama, né à Hawaï d’un père kényan et d’une mère américaine, est né à l’étranger et de fait inéligible à la présidence des Etats-Unis.
En 2011, M. Trump avait poussé M. Obama à rendre public son certificat de naissance et à tenir une conférence de presse pour tenter de mettre fin aux rumeurs. En juillet 2011, il avait interpellé M. Obama sur Twitter, l’accusant d’avoir abandonné Israël au profit des Frères musulmans.
- L’« exception » Sadiq Kahn
M. Trump a salué l’élection de Sadiq Khan, musulman d’origine pakistanaise, à la mairie de Londres. « C’est une très bonne chose, et j’espère qu’il fera du très bon boulot, parce que franchement ce serait très très bien », a-t-il déclaré dans un entretien au New York Times. Il a ajouté qu’il ferait exception pour ce dernier à sa proposition d’interdire le territoire américain aux adeptes de l’islam.
Source : Le Monde
05:34 | Lien permanent | Commentaires (0)
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