mardi, 28 juin 2016
Radio Lesquen : un magnifique gâchis ?
Latente depuis plusieurs mois, la crise de Radio Courtoisie a éclaté début juin. Onze patrons d’émission de la « Radio de toutes les droites », dirigée d’une main de fer par Henry de Lesquen, ont signé une lettre ouverte appelant le président à la démission, dont Boulevard Voltaire s’est fait l’écho il y a peu. Le 27 juin 2016, c’est Jean-Yves Le Gallou, une figure majeure de la station, qui annonçait la prochaine suspension de sa collaboration, dans un communiqué sobre et concis. C’est un tournant dans la vie de la radio.
Henry de Lesquen a pris la tête de la radio en 2006. Quelques années et plusieurs purges plus tard, en dépit d’une diffusion accrue grâce au satellite et à Internet, il semblait clair aux auditeurs qu’un conflit couvait. En cause, le caractère du président, dont l’inquiétante dérive autocratique transpirait à l’antenne. Ne supportant plus la contradiction, toujours prompt à couper la parole à ses invités, les remettant parfois en place sans ménagement, il a donné à la station une image d’intolérance agressive en contradiction avec l’esprit de son fondateur, Jean Ferré ; chacun des patrons d’émission est, en effet, libre d’inviter qui lui chante. Ou presque. Éric Zemmour, par exemple, y est persona non grata par décision du président Lesquen…
Les 11 signataires de la lettre ouverte du 10 juin dernier reprochaient à l’intéressé des prises de position personnelles incompatibles avec le respect dû à chacun et de nature à mettre l’existence de la radio en danger. Les propos d’Henry de Lesquen sur la « musique nègre », sur la « religion de la Shoah », sur la longévité des survivants des camps de la mort ou sur l’esclavage dépassent, en effet, l’entendement. Loin d’exprimer une opinion discutable mais libre, ils portent atteinte à la dignité de la personne humaine et sont, de ce seul fait, inacceptables. Qu’ils tombent sous le coup de la loi ajoute à l’insulte le risque d’une suspension pure et simple de l’autorisation d’émettre.
Jean-Yves Le Gallou n’est pas n’importe qui à l’antenne. Cet ami de longue date d’Henry de Lesquen, chargé du « bulletin de réinformation » quotidien, a toujours eu sa place dans les programmes de la radio. Qu’il se résigne à suspendre sa collaboration est tout sauf anodin. C’est la marque d’un désaccord suffisamment profond pour faire prévaloir les intérêts de la radio sur la fidélité à son président. Et c’est une décision révélatrice du malaise qui y règne.
Vingt-quatre autres patrons d’émission ont exprimé leur inquiétude. Hormis une poignée d’irréductibles loyalistes, beaucoup s’interrogent en silence. Faut-il conserver une émission, au risque d’être assimilé aux propos délirants du président ? Et que va devenir cette radio, à l’utilité incontestable ? En réalité, à moins d’une assemblée générale aux fins de changement de présidence, voire d’une action judiciaire, Radio Courtoisie pourrait bien devenir, autour d’un noyau de fidèles vieillissants, Radio Lesquen. Pour une brève course à l’abîme qui devrait se terminer par un retrait de ses fréquences. Un magnifique gâchis qui peut encore être évité si les administrateurs prennent conscience de l’urgence, au lieu et place d’un président emmuré dans ses certitudes. Un président qui pourrait bien saborder la radio plutôt que céder sa place.
François Teutsch
07:57 | Lien permanent | Commentaires (0)
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