jeudi, 30 juin 2016
Brexit: pour le gouvernement français, la frontière à Calais restera "fermée"
La frontière à Calais restera fermée et le traité franco-britannique du Touquet en vigueur: le gouvernement a opposé mercredi une fin de non recevoir à ceux qui veulent revoir, à la faveur du Brexit, les règles visant à contenir l'immigration clandestine vers le Royaume-Uni.
"Remettre en cause l'accord du Touquet au prétexte que le Royaume-Uni a voté le Brexit et va donc engager des négociations pour sortir de l'Union européenne n'a pas de sens", a déclaré François Hollande à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles.
La renégociation de l'accord du Touquet, conclu en 2003, est réclamée notamment par deux ténors de l'opposition de droite, Alain Juppé, candidat à la primaire pour la présidentielle de 2017, et Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France qui estime lui que "faire comme si le vote sur le Brexit n'avait aucune conséquence n'a pas de sens".
"Ceux qui, aujourd'hui, demandent sa suppression sont ceux-là même qui l'ont conclu", a relevé le chef de l'Etat.
François Hollande a promis d'évoquer dès vendredi, avec le Premier ministre britannique démissionnaire David Cameron, "tout ce qui peut encore être amélioré", notamment pour "éviter qu'il y ait un certain nombre de camps qui ne sont pas dignes" de la France.
Près de 4.500 migrants selon les autorités -- plus de 6.000 d'après des associations -- peuplent la "Jungle" de Calais, le camp le plus important du nord de la France, dans l'espoir de rejoindre la Grande-Bretagne.
L'accord du Touquet permet de placer la frontière franco-britannique à Calais, et ainsi d'entraver l'immigration clandestine au Royaume-Uni.
- "Bras de fer" -
"La frontière à Calais est fermée et a vocation à le demeurer", a martelé pour sa part le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Une sortie du Royaume-Uni de l'UE "n'entraîne aucune modification de la frontière entre les deux pays", a-t-il assuré après une rencontre à son ministère avec des élus du Calaisis qui lui ont pourtant demandé d'engager un "bras de fer" avec Londres.
Remettre en cause l'accord enverrait "un mauvais signal" aux passeurs et aux migrants, a-t-il estimé, mettant en garde contre les risques d'une ouverture de la frontière: "intensification de la traite des êtres humains" par des passeurs "relégitimés", ce qui provoquerait "un afflux supplémentaire de migrants à Calais", "recrudescence des risques d'accident mortel" lors des tentatives de passage et "saturation" du travail des forces de l'ordre.
De plus, l'accord du Touquet prévoit un préavis de deux ans en cas de dénonciation: cela créerait une "période d'incertitude" et sans doute "une situation d'extrême confusion". "Les conséquences en termes d'attractivité économique de la région seraient à n'en pas douter négatives", a-t-il estimé.
"On n'en peut plus", "je demande qu'on renégocie les accords du Touquet", a dit la maire de Calais Natacha Bouchart à l'issue de la rencontre, "on veut un bras de fer avec le nouveau gouvernement britannique pour clarifier" la situation.
Pour elle, qui réclame l'installation d'un camp de migrants sur le sol britannique, "il faut un plan pour organiser le démantèlement en priorité" de la zone nord de la "Jungle".
Xavier Bertrand, qui demande aux Britanniques de "reprendre la gestion de la frontière" pour "obtenir une résolution définitive", a aussi évoqué une "réunion de travail" prévue "dans quelques jours" place Bauvau "pour voir dans quelles conditions on peut avoir" un tel démantèlement.
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