L’Europe n’a pas fini de fasciner les jeunes Africains. Pour y arriver, toutes les pistes et tous les moyens sont utilisés. Ces derniers temps, la route semble passer par Dori. De nuit comme de jour, ce sont des cars de transport en commun qui transitent par la ville de Dori. Nous avons essayé d’échanger avec eux. Difficile de leur arracher un mot. Néanmoins, le convoyeur a accepté de s’exprimer sous le couvert de l’anonymat. Lisez ce qu’il nous a confié !

 

Il était 15h 30 ce vendredi 24 juin 2016 lorsqu’une connaissance nous a abordé en ces termes : « Essayez de savoir ce qui se passe juste derrière la mairie de Dori ». Effectivement à notre arrivée sur les lieux, il y avait une foule derrière la mairie de Dori, du côté Est. Une cinquante de jeunes dont l’âge varie entre 20 et 30 ans attendaient à côté d’un car en provenance du Mali. Nous avons ciblé un petit groupe pour essayer d’échanger avec eux. « Je suis journaliste et je voudrais échanger avec vous », avons-nous introduit. « What’s the problem ? I don’t speak french » (NDLR : Quel est le problème. Je ne comprends pas français), nous a répondu un jeune. Rassemblant le peu de la langue anglaise à notre disposition, nous parviendrons à lui expliquer que nous souhaitons échanger avec lui sur les motifs et les conditions de son voyage. Après avoir compris l’objet de notre présence, le petit groupe s’est vite égaillé. Dans ce groupe, tous parlaient l’anglais et une autre langue africaine que nous ne sommes pas arrivés à identifier. Après cette première tentative infructueuse, nous nous sommes dirigés vers un autre groupe. Là, un monsieur d’une trentaine d’années, aidé par un autre jeune,  était occupé à rassembler des pièces d’identités des passagers. A notre approche, tous les autres partent le laisser. « Je suis journaliste et je voudrais échanger avec vous sur les motifs et les conditions de votre voyage », avons-nous réintroduit. Un ange passa. Puis, nous regardant de pied en cap, il déclara ceci : « Nous, nous ne sommes que des transporteurs. Et nous transportons toute personne qui se présente à nous et qui paie son ticket de transport. Nous faisons la ligne Bamako – Niamey via Dori parce que le chemin est plus court par-là ». Est-ce que ces gens que vous transportez ne vont pas continuer en Europe ? Avons-nous voulu savoir. « Là, il m’est difficile de vous répondre. Nous les transportons jusqu’à Niamey. C’est là que notre compagnie de transport s’arrête. Maintenant comme ce sont des aventuriers, c’est sûr que certains ne vont pas s’arrêter à Niamey. Peut-être d’autres vont y rester mais certains vont continuer vers d’autres contrées », nous a laissé entendre notre interlocuteur. De quelle nationalité sont ces passagers ? Avons-nous demandé. « Ils viennent tous d’horizons divers. Il y a des Maliens, des Gambiens, des Guinéens, des Sénégalais. Vraiment, ils viennent de plusieurs pays de la sous-région », nous a-t-il signifié. Quant aux difficultés, ils en rencontrent de toutes sortes. « Si vous nous voyez arrêtés là ce soir, c’est parce que notre véhicule a une panne. Mais demain matin Inch Allah, nous allons continuer », nous a relaté notre interlocuteur.

Il faut préciser que le car en stationnement que nous avons vu ne transportait pas de femme, de fille ni d’enfant. Tous ses passagers sont à même de prendre leurs propres décisions. C’est pour ainsi dire qu’ils n’ont nullement été victimes de la traite des enfants. En plus, le véhicule empruntait des routes nationales bien connues. Bref, Dori semble être la nouvelle route de l’immigration.

Hama Hamidou DICKO

Source : lepays.bf