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samedi, 02 juillet 2016

La Slovaquie anti-immigrés préside l’UE

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La Slovaquie occupe la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne à partir du 1er juillet, une semaine pile après le Brexit. Un défi inédit.

«Aucun pays n’a eu à faire face à une présidence aussi difficile», estime Béla Bugár, chef du parti centriste Most-Hid, membre de la coalition au pouvoir en Slovaquie, alors que son pays occupe pour six mois la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne à partir d’aujourd’hui. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne laisse en effet entrevoir un mandat compliqué pour Bratislava.

Avant même le Brexit, de nombreux fonctionnaires européens confiaient à demi-mot leur crainte de la gestion slovaque. Ils doivent désormais redoubler d’inquiétude.

Et pour cause: la Slovaquie ne s’est guère montrée europhile ces derniers temps. Alors que le pays s’est métamorphosé sur les plans économique, social et culturel grâce à son entrée dans l’Union européenne en 2004, la droite eurosceptique a fait un carton lors des dernières élections générales, le 5 mars. Cinq des huit partis du parlement, représentant 80 des 150 députés, sont désormais clairement méfiants à l’égard de Bruxelles. Ce n’est pas tout: le pays a refusé d’aider la Grèce et d’accueillir des réfugiés, allant même jusqu’à porter plainte devant la Cour de justice de l’Union européenne contre les quotas de migrants. «Je ne me prosternerai pas devant l’Allemagne et la France», déclarait encore récemment le premier ministre, Robert Fico, un populiste de centre gauche qui effectue son troisième mandat à la tête de la Slovaquie.

A l’annonce des résultats du référendum au Royaume-Uni, le ministre des Affaires européennes, Ivan Korcok, a tout de même assuré que son pays «regrettait la décision» des Britanniques. Dans la foulée, un sondage révélait que 62% des Slovaques auraient voté pour rester dans l’UE.

Pour Robert Fico, les Britanniques ont exprimé leur ras-le-bol vis-à-vis des politiques migratoire et économique de l’Europe. «Ces politiques doivent être réformées en profondeur», estime-t-il. Grigorij Mesežnikov, directeur de l’Institut slovaque des affaires publiques, estime que Robert Fico va «tenter de confirmer la légitimité de sa propre rhétorique anti-immigration». En somme, se servir du «no» britannique pour faire (ré)entendre sa petite musique. Lors de sa conférence de presse de jeudi, il a d’ailleurs énormément parlé d’immigration.

Bratislava est bien décidée à assurer la mission qui lui est confiée pendant six mois. «Il est important que la Slovaquie prenne l’initiative dans les discussions sur le futur de l’Europe», a insisté le chef du gouvernement. Un sommet réunissant les 27 Etats membres restants doit d’ailleurs se tenir à Bratislava le 15 septembre, le premier en dehors de Bruxelles depuis 2010.

Comme le précise le quotidien slovaque SME, le pays devra en outre réfléchir durant son mandat à la relocalisation des institutions européennes actuellement basées à Londres, comme l’Autorité bancaire européenne, l’Agence européenne des médicaments ou encore la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

Il y a donc du pain sur la planche. «Mais nous ne voyons aucune raison de paniquer, a tweeté Peter Kažimír, le ministre slovaque des Finances. L’Union européenne reste, sans aucun doute, la meilleure option pour tous.»

Laure de Charette

Source : Tdg.ch

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