L'État islamique s'en est-il pris à l'un des lieux les plus sacrés de l'Islam? C'est ce que fait penser l'attaque menée lundi 4 juillet, dans la ville sainte de Médine en Arabie saoudite, chargé de la protection des lieux saints de l'Islam. Un kamikaze s'est fait exploser devant une mosquée faisant quatre morts parmi les agents de sécurité. Dans la journée, ce sont trois attaques qui ont été menées près de mosquées du pays. Même si elles n'ont pas été revendiquées, le mode opératoire rappelle celui de l'État islamique (EI).
Si cette attaque surprend, c'est que se trouve à Médine le deuxième lieu le plus sacré de la religion musulmane après la Kaaba de La Mecque et avant la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem. C'est à Médine que se trouve la sépulture du prophète Mahomet. Toute violence y est considérée comme interdite. À deux jours de la fin du ramadan, c'est aussi un lieu très fréquenté par les croyants : ils seraient 2 millions à y être actuellement. "Le fait qu'une attaque a lieu à Médine est susceptible de laisser les musulmans atterrés à travers le monde", analyse Alan Johnston, journaliste spécialiste du Moyen-Orient à la BBC.
Des attaques en lien avec le ramadan
L'attaque a eu lieu lors de la prière du Maghreb, le moment où les musulmans rompent leur jeûne, selon la chaîne d'information saoudienne Al Arabiya. Selon elle, le kamikaze aurait prétendu vouloir "rompre le jeûne" avec les agents de sécurité du site.
Depuis le début du ramadan, le 6 juin, les attaques se sont multipliées dans les pays musulmans. Une vingtaine de personnes sont décédées en Syrie lors de l'attaque d'un lieu saint chiite en banlieue de Damas en Syrie. Plus de 40 personnes ont été tuées à l'aéroport d'Atatürk à Istanbul en Turquie. À Bagdad, ce sont plus de 200 personnes à avoir été victimes d'un attentat à la voiture piégée. A travers le monde, l'Etat islamique n'a jamais hésité à attaquer des lieux de culte chiite, mais une attaque contre un lieu saint vénéré par l'ensemble des musulmans serait relativement inédit.
Pour la très grande majorité des musulmans, le ramadan est un mois de retenue, mais pour les plus de radicaux, il est un mois de conquêtes qui permet d'atteindre plus facilement le statut de "martyr". D'ailleurs, à l'approche du ramadan, le porte-parole de l'État islamique Abou Mohammed al-Adnani avait appelé "les combattants et les partisans du califat en Europe et en Amérique" à se tenir prêt. "Ceci est l'appel qui a probablement réveillé les loups solitaires", suppose la BBC. Ce qui pourrait expliquer la tuerie dans une boîte de nuit gay à Orlando aux États-Unis ou le lendemain l'assassinat d'un commandant de police et de sa compagne à Magnanville.
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