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mercredi, 06 juillet 2016

Suisse : Seul le franc fort ralentit l’immigration

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En 2015, le solde migratoire s’est établi à 71 000 personnes, dont 47 800 pour les pays de l’UE et de l’AELE. Il recule de 3%. Les branches exposées au taux de change sont les plus touchées. La demande de main-d’œuvre étrangère progresse en revanche dans la santé et le social

Sans le franc fort, l’immigration professionnelle aurait poursuivi son ascension en 2015. Mais les branches fortement exposées au taux de change ont engagé moins de personnel à l’étranger. C’est ce qui ressort du douzième rapport de l’Observatoire sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’UE, publié mardi.

Lire aussi notre éditorial: L’économie face à l’immigration comme David Cameron face au Brexit

Le solde migratoire s’est affiché à 71 000 personnes en 2015, soit 2000 de moins qu’en 2014 (-3%). L'immigration nette en provenance des Etats de l’UE et de l’AELE s’est élevée à 47 800, soit 2800 de moins (3%) que l’année précédente et 20 000 de moins qu'en 2013, année record. La baisse s’est poursuivie durant les premiers mois de 2016. Le rapport fait état d’un solde migratoire européen net de 20 000 personnes, soit 30% de moins qu’au cours de la même période en 2014. «Elle reste cependant à un niveau élevé», commente Boris Zürcher, chef du marché du travail au Secrétariat d'Etat à l'économie (seco).

Le document relève également, mais ce n’est pas une surprise, que les Européens qui viennent en Suisse représentent «dans une large mesure une migration de travail», en l’occurrence à hauteur de 62%. L’accord sur la libre circulation des personnes, qui fait l’objet de vives discussions depuis l’acceptation de l’initiative de l’UDC en 2014, a clairement conditionné cette évolution. Mais cette influence est difficilement quantifiable car «il est tout bonnement impossible de savoir comment l’immigration aurait évolué ces dernières années sans cet accord», confessent les auteurs du rapport.

Davantage de Français

Par origine, on constate en 2015 un recul des immigrés portugais, espagnols et italiens mais une hausse des arrivées de ressortissants français et en provenance des autres pays du nord et de l’ouest du continent.

Le rapport établit un lien net avec l’appréciation du franc par rapport à l’euro. Le recul de l’immigration a été particulièrement marqué dans les branches exposées au taux de change, comme l'industrie d'exportation, les activités manufacturières et le commerce de détail, qui souffre du tourisme d’achat. En revanche, elle a continué de progresser dans les secteurs proches de l'Etat, à savoir la santé, le social ou l'éducation. Dans l’hôtellerie-restauration, «le recul de l’immigration a agi comme tampon et permis de combattre une hausse plus nette du chômage». Cela fait dire à Roland Müller, directeur de l'Union patronale suisse (UPS), que «le marché du travail a été et est toujours en mesure d'absorber l'immigration» et que «l'afflux de main-d'oeuvre répond parfaitement aux lois de l'économie.»

Hausse de l’emploi frontalier

Le rapport observe que l’emploi frontalier a lui aussi continué d’augmenter, notamment à Zurich et dans l’Arc lémanique, alors qu'il s'est stabilisé au Tessin. Or, le taux de chômage reste supérieur à la moyenne nationale dans ces deux dernières régions. Parallèlement, les frontaliers ont connu une hausse de salaire réel de 5,9%. Du jamais vu!

Précédemment, en tenant compte du renchérissement dans leur pays respectif, la progression de leur revenu réel tournait autour de 1,6%. Ce sont surtout les personnes dont le salaire nominal est le plus faible qui en profitent, en particulier au Tessin et dans l’Arc jurassien. Le rapport observe, pour ces régions, «des écarts salariaux non négligeables entre les frontaliers et la population active résidente». Le Seco les estime à 6%.

Ces chiffres vont logiquement influencer la suite du débat sur la mise en oeuvre de l'initiative sur l'immigration. A ce propos, la secrétaire d'Etat Marie-Gabrielle Ineichen-Fleisch rappelle que le peuple suisse a confirmé la libre circulation des personnes en 2005 et en 2009.

Elle en défend le principe: «Les courants migratoires sont étroitement liés aux conditions économiques dans les pays de départ et de destination et fonctionnent en Europe comme un mécanisme de compensation. La libre circulation n'est pas une potion magique, mais elle est très importante pour répondre aux besoins des branches économiques», analyse-t-elle, non sans rappeler que, sans les cotisations payées par les immigrés, l'AVS aurait basculé dans le rouge cinq ans plus tôt.

Bernard Wuthrich

Source : Letemps.ch

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