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vendredi, 08 juillet 2016

Attentat à Médine près de la maison du Prophète : celui de trop ?

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Avec les récents attentats perpétrés par l’État islamique – plus de deux cents morts à Bagdad et quatre à Médine -, les amateurs d’idées simples, voire simplistes, risquent bien tôt ou tard de devoir remettre à jour leur logiciel.

En effet, que nous dit la vulgate médiatique ? Que l’Orient musulman, fourbe et barbare tel qu’il se doit, aurait déclaré la guerre à l’Occident chrétien, démocrate et lumineux, il va de soi. Plus personne de sérieux ne croit à la fable du choc des civilisations ; il n’empêche que certains mettent tout en œuvre pour le provoquer, ne serait-ce que dans les esprits.

Des esprits qu’il serait, effectivement, temps de reprendre. En Irak et en Syrie, si la guerre civile est confessionnelle, elle concerne principalement les musulmans chiites comme sunnites, les chrétiens n’y étant que victimes collatérales et non point objectif premier. Ensuite, s’il y a chaos, c’est principalement parce que les Occidentaux l’ont provoqué. Et, pour finir, ce sont ces mêmes Occidentaux qui ont ensuite déclaré la guerre à un État islamique qui ne leur demandait pourtant rien.

Là où les événements prennent une tournure autrement plus grave, c’est avec l’attentat de Médine – celui de Bagdad, pour autrement meurtrier qu’il fût, participe malheureusement désormais d’une certaine routine –, alors qu’en Arabie saoudite, la mosquée visée n’était autre que la maison du prophète Mohamed… Si, dans l’indifférence générale, la majorité des autorités islamiques mondiales n’en finit plus de condamner les attentats perpétrés en Europe, là, elles peinent à trouver leurs mots, responsables talibans y compris, tant l’affaire est inédite. Imaginez un attentat meurtrier au Saint-Sépulcre ou dans la chapelle Sixtine accompli par un chrétien et vous vous ferez une assez bonne idée de l’ampleur de la catastrophe et, surtout, du désarroi.

Alors, qui ? Et surtout, pourquoi ? Qui ? L’État islamique, très probablement. Pourquoi ? C’est ici que ça se complique. Jusqu’ici, les desperados de l’État islamique ont été plus que choyés par Riyad. Mais, paradoxe, c’est la dynastie wahhabite, non sans quelques raisons donnée pour corrompue, qui était aussi dans sa ligne de mire. La créature qui échappe à son créateur ? C’est à peu près aussi vieux que le Golem yiddish… Cela peut donc aussi signifier que l’Arabie saoudite puisse commencer à mesurer son soutien à ce turbulent épigone et qu’il puisse s’agir, là, d’une sorte de piqûre de rappel vis-à-vis de son riche sponsor. Il y a aussi une autre hypothèse : le kamikaze sous faux drapeau et une possible manipulation des services secrets saoudiens grâce à laquelle la communauté musulmane mondiale pourrait faire bloc avec Riyad à la faveur de cet attentat. Mais il se dit tant de choses…

En tout cas, voilà qui pourrait laisser présager que les jours de l’État islamique sont comptés, même si c’est lorsque le fauve est blessé qu’il peut se montrer le plus dangereux. Mais après ? On ne met pas les idées en prison, pas plus qu’on annihile un mouvement de type révolutionnaire sous un tapis de bombes. Gagner la guerre ? Oui. Mais en faire de même de la paix, c’est une tout autre histoire…

De leur côté, Téhéran et Ankara observent. La chute de l’organisation islamiste arrangerait bien leurs affaires ; le déclin à plus ou moins long terme de la maison Saoud aussi. Plus que jamais, nous sommes en Orient ; même si, de par nos errements à répétition, ce dernier a pris la mauvaise habitude de venir un peu s’installer chez nous.

Nicolas Gauthier

Source : Boulevard Voltaire

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