L'affaire avait provoqué une vague d'indignation dans toute l'Allemagne, mais également dans le monde entier. Début janvier, les autorités allemandes révélaient que des centaines de femmes avaient été agressées sexuellement à Cologne, Hambourg et d'autres villes du pays pendant la nuit du Nouvel an. La police de Cologne avait pourtant affirmé le 1er janvier sur son site internet que la nuit s'était déroulé calmement.
Alors que plus de 600 plaintes ont depuis été déposées pour agressions sexuelles et viols, un bilan de l'Office fédéral de police criminelle allemand (BKA, pour Bundeskriminalamt) révèle des chiffres bien plus importants. Selon un rapport qui a fuité et été publié dans le Süddeutsche Zeitung, près de 1.200 femmes ont en fait été agressées, par plus de 2.000 hommes. Environ 650 agressions ont été relevées à Cologne, et plus de 400 à Hambourg, le reste dans d'autres villes du pays.
L'immigration pointée du doigt
Selon ce même rapport, seuls 120 suspects ont été identifiés à ce jour, la plupart originaires d'Algérie ou du Maroc. Cette vague d'agressions avait provoqué un important débat dans la société allemande, lorsque les autorités avaient révélé que les agresseurs étaient pour la plupart de jeunes étrangers. Certains avaient alors pointé du doigt la responsabilité de la politique d'accueil des migrants du gouvernement d'Angela Merkel.
Le rapport du BKA ne va sûrement pas apaiser les tensions, puisqu'il révèle que plus de la moitié des suspects résidaient en Allemagne depuis moins d'un an au moment des faits. "Il y a un lien entre ce phénomène [d'agressions, ndlr] et la forte immigration, en particulier en 2015", explique Holger Münch, le président du BKA, au Süddeutsche Zeitung. En revanche, selon le rapport, seule une minorité des suspects est originaire de Syrie, donc concernée par la politique d'accueil mise en place en 2015.
Renforcement de la législation
Les premières sentences pour agressions sexuelles n'ont été prononcées que la semaine dernière, lorsqu'un Irakien et un Algérien ont été condamnés à un an de prison avec sursis. Deux peines de prison ferme ont également été prononcées à Düsseldorf et Nürtingen, tandis que plusieurs suspects ont été relâchés, faute de preuves suffisantes de leur culpabilité. D'autres procès sont en cours.
L'affaire a toutefois provoqué une prise de conscience dans la société allemande, puisque le pays a renforcé la semaine dernière sa législation punissant le viol. Jusqu'ici considéré comme trop laxiste, le droit allemand prend désormais en compte la notion de consentement. Mais le texte fait débat et beaucoup craignent qu'il ne changent pas grand chose. Après la nuit de la Saint-Sylvestre, le principal obstacle à la mise en examen des suspects reste en effet la capacité à prouver leur culpabilité.
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