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dimanche, 17 juillet 2016

Le profil de l'auteur de l'attentat de Nice se précise, les forces de sécurité plus présentes

Une radicalisation apparemment rapide et récente: le profil de l'auteur de l'attentat, revendiqué par le groupe Etat islamique, qui a fait 84 morts le 14 juillet à Nice, s'est précisé samedi, pendant que le gouvernement confirmait un renforcement de "la présence des forces de sécurité".

En fin de journée, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a lancé un appel "à tous les Français patriotes qui le souhaitent" à rejoindre la "réserve opérationnelle".

Les préfets pourront puiser dans un vivier de 12.000 volontaires (9.000 de la gendarmerie nationale, 3.000 de la police), pour épauler les membres des forces de l'ordre "sollicitées sur tous les fronts depuis des mois", a-t-il précisé à propos du recours à cette réserve, annoncé vendredi par le président François Hollande.

Frappée par une tuerie de masse pour la troisième fois en 18 mois, avec un bilan global encore provisoire de 231 morts, la France a entamé samedi un deuil national de trois jours, qui culminera avec une minute de silence lundi à midi.

"Il semble" que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le chauffeur-livreur tunisien de 31 ans qui a foncé au volant d'un poids lourd sur la foule qui assistait au feu d'artifice du 14 juillet sur la Promenade des Anglais, se soit "radicalisé très rapidement", a dit Bernard Cazeneuve.

Le ministre a évoqué "un attentat d'un type nouveau", sans armes lourdes ni explosifs, qui "montre l'extrême difficulté de la lutte antiterroriste".

- Cinq gardes à vue -

Cinq personnes de l’entourage de l'auteur de la tuerie - son ex-épouse et quatre hommes - sont toujours en garde à vue. Les auditions évoquent un basculement "récent" vers "l'islam radical", selon des sources policières, sans toutefois que l'organisation Etat islamique (EI) ne soit, à ce stade, mentionnée.

Mohamed Lahouaiej-Bouhlel ne faisait l'objet d'aucun signalement de radicalisation mais était connu de la justice pour des faits de délinquance ordinaire.

Le tueur "est un soldat de l'État islamique" qui a agi "en réponse aux appels lancés pour prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition qui combat l'EI", a affirmé samedi l'agence Amaq. Liée au groupe jihadiste, celle-ci avait déjà revendiqué les attentats parisiens du 13 novembre 2015, les plus meurtriers jamais commis en France, avec 130 morts.

Si cette revendication semble "vague", des experts, interrogés par l'AFP, soulignent que l'EI ne s'est jamais jusqu'ici attribué des attaques de manière "opportuniste".

Père de famille en instance de divorce, Lahouaiej-Bouhlel avait fait une dépression au début des années 2000 et n'avait pas de lien avec la religion, a affirmé à l'AFP son père en Tunisie. Il est également décrit par ses voisins à Nice comme n'ayant aucune pratique religieuse affichée, taciturne, violent, notamment envers sa femme.

- "Arrêtons le massacre" -

"Nous n'en avons pas terminé" avec le "terrorisme", avait prévenu François Hollande vendredi, annonçant une prolongation pour trois mois de l'état d'urgence, instauré après le 13 novembre et qui devait s'achever le 26 juillet.

Samedi, à l'issue d'une réunion ministérielle à l'Élysée, il a lancé un appel à la "cohésion" et à "l'unité" nationale, alors que le semblant de concorde qui avait suivi les attaques jihadistes de janvier et novembre 2015 a fait long feu.

"Je voudrais savoir ce qui était pris comme mesure en situation de guerre, en état d'urgence, pour que l'on ne tue pas avec cette arme-là dans une grande ville de France", a ainsi demandé samedi Christian Estrosi, président Les Républicains de la région Paca.

La présidente du FN Marine Le Pen a dénoncé les "carences gravissimes de l’État" et l'ex-président Nicolas Sarkozy a estimé que le moment viendrait "bientôt" de "dire les choses", et surtout de "les faire".

A ces critiques, Bernard Cazeneuve a répondu samedi que "la police nationale était présente et très présente" à Nice.

Lahouaiej-Bouhlel a été abattu par la police au terme d'une course meurtrière de deux kilomètres sur la Promenade des Anglais après avoir forcé le barrage des forces de l'ordre.

Les enquêteurs ont retrouvé à bord du camion frigorifique de 19 tonnes qu'il avait loué lundi un pistolet avec lequel il a tiré sur des policiers, ainsi que des armes factices.

Dix enfants et adolescents figurent parmi les morts, ainsi que plusieurs étrangers, dont trois Allemands, quatre Tunisiens et deux Américains.

Le bilan pourrait encore s'alourdir, car 121 des quelque 300 blessés restaient hospitalisés samedi, dont 26 en réanimation, selon le ministère de la Santé.

La secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes, Juliette Méadel, a déclaré samedi soir à l'AFP que les premières indemnisations interviendraient "dès la fin de la semaine prochaine".

Sur la Promenade des Anglais, des passants sont encore venus samedi déposer des bouquets de fleurs et des messages, dans lesquels percent la peine et la colère. Parmi les bougies et les condoléances, on peut lire : "Assez de discours !", "Marre des carnages dans nos rues !", "Arrêtons le massacre !"

Le courrier de l'ouest

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