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dimanche, 17 juillet 2016

Mohamed Sifaoui : " L'extrême droite se prépare au combat "

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Mohamed Sifaoui est l’un des observateurs les plus en pointe sur les questions du terrorisme. “ Daech a tout intérêt à ce que la société française se divise. ”

Interviewé dans nos colonnes au mois de janvier dernier, quelques semaines après les attaques au Bataclan, Mohamed Sifaoui n'hésitait alors pas à prédire que « Daech frapperait encore plus durement la France en 2016 ».

Journaliste, écrivain, spécialiste des mouvements radicaux et du terrorisme, il avoue avoir craint, jeudi soir, des « attaques simultanées » sur le territoire français. « Ce qui est arrivé était écrit. Lorsque j'entends des spécialistes dire qu'on s'attendait à ce modus operandi, c'est le résultat d'une exploitation froide de la littérature de Daech. Le mouvement a incité depuis longtemps ses adeptes à utiliser des véhicules de différentes catégories pour foncer dans la foule. C'était donc prévisible. Et tous les modes opératoires de ces mouvements terroristes déjà utilisés à l'étranger son susceptibles de l'être demain en France. »
Ce qui révolte Mohamed Sifaoui aujourd'hui, c'est de « constater, encore, qu'une partie de l'élite politique et médiatique se complaît dans le déni ». Une camionnette folle lancée sur un marché de Noël à Nantes, en décembre dernier ? Un automobiliste qui propulse son véhicule sur des militaires en faction ? « Les autorités ont mis cela sur le dos de déséquilibrés. Les terroristes ne sont pas tous des gens équilibrés. Et il n'y a pas besoin d'être fiché " S " pour passer à l'action. »

" Pas besoin d'être fiché S pour passer à l'action "

Si les politiques utilisent un « ton martial » en réagissant « à chaud » à ces événements terrifiants, ils resteraient malgré tout « incapables d'entretenir un débat démocratique » qui déboucherait peut-être sur « un consensus » national.
« Des mouvements d'extrême droite se préparent aujourd'hui au combat. Il n'est pas exclu que des groupuscules tentent des coups de force puisqu'on leur laisse champ libre pour prospérer. Et c'est tout l'intérêt de Daech de voir la France sombrer dans un tel clivage de guerre civile. Ils ont besoin de gens tout aussi excités qu'eux pour arriver à leurs fins. Une flambée de violence en France leur créerait des conditions de recrutement idéales… »
Si la société française a toutefois un véritable « pouvoir de résilience » estime Mohamed Sifaoui, elle n'est pas à l'abri d'un retournement « psychologique ».
« Un acte terroriste est un acte d'humiliation. Et c'est ainsi que le terrorisme nous fait parfois renoncer à des convictions profondes. Daech veut empêcher les Français de vivre normalement, cherche à casser l'ambiance, et ne vise qu'une chose essentielle pour eux : polluer l'imaginaire collectif. »

Propos recueillis par Jean-Yves Le Nezet
 

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