Le mouvement allemand anti-immigrés, Pegida, a annoncé lundi vouloir créer un parti politique.
Cela fait deux ans, deux ans que les « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » (Pegida) manifestent chaque semaine contre les immigrés à Dresde, dans l’est de l’Allemagne.
Le pays, jusqu’alors épargné par les attaques terroristes, a subi l’attaque, hier, d’un homme âgé de 17 ans qui a grièvement blessé quatre passagers d’un train à la hache et au couteau. Daech a revendiqué cette attaque.
Une agression qui conforte les idéologies du parti d’extrême droite, avec à sa tête Lutz Bachmann. Celui-ci dit vouloir aller plus loin, avec comme ambition de créer le Parti populaire pour la liberté et la démocratie directe (FDDV).
Depuis plusieurs mois, Pegida est menacé d’interdiction par des pouvoirs publics inquiets de ses dérives extrémistes. « Ils ont recyclé les idées d’extrême droite de la Seconde Guerre mondiale. On ne s’attaque non pas aux juifs, mais aux musulmans. Par exemple, on dit que ces gens-là ne sont qu’une cinquième colonne, que leurs valeurs ne sont pas compatibles avec celles du pays », affirme au Figaro Thomas Guénolé, politologue.
Un flirt avec le populisme
Bachmann a toutefois indiqué que le nouveau parti ne fera pas d’ombre à l’Alternative de l’Allemagne (AfD). Ce parti de droite populiste, proche de l’extrême droite, connait un essor fulgurant depuis plusieurs mois. Lors des élections régionales en mars dernier, l’AfD était même arrivée second du scrutin recueillant 24,2% des suffrages en Saxe-Anhalt (est). « Nous soutiendrons l’AfD lors des prochaines élections législatives (prévues à l’automne 2017, ndlr) et ne présenterons de candidats que dans un nombre limité de circonscriptions », a précisé Lutz Bachmann.
Les responsables de l’AfD, eux, restent divisés. Certains assument leur proximité avec Pegida. D’autres veulent s’en dissocier. « Suite à l’extermination des juifs lors de la Seconde Guerre mondiale, il y a eu un tabou fort à propos des discours de haine envers une minorité en Allemagne. La montée de Pegida est le symbole d’un début de banalisation », explique Thomas Guénolé.
Plus extrême que l’extrême, sur l’échiquier politique, Pegida est clairement ancré à l’extrême droite. Plusieurs enquêtes judiciaires sont d’ailleurs en cours contre l’association pour incitation à la haine. Après les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015, Lutz Bachmann avait d’ailleurs appelé à l’expulsion de tous les islamistes d’Allemagne. Fer de lance de l’anti-immigration, le mouvement proteste contre la politique d’asile du gouvernement d’Angela Merkel.
Habitués des manifestations, ils étaient parvenus à réunir près de 15 000 personnes en décembre 2014 dans leur fief de Dresde, environ 20 000 en octobre 2015, puis 5 000 en février dernier. Mais Pegida n’a toutefois jamais vraiment réussi à remplir son objectif de s’étendre dans tout le pays, n’étant vraiment populaire que dans l’est du pays. Selon le politologue, « les discours islamophobes restent plus faibles en Allemagne qu’aux Pays-Bas ou qu’en France ».
Une section française
Pegida possède une section en France. Elle a été lancée en janvier 2015 par Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement ».
Or, peu de chance qu’ils puissent émerger chez nous. Il y a déjà un parti construit sur l’hostilité voire la haine envers les gens de confession musulmane et c’est… le Front national. Certes, les deux sont différents, mais l’islamophobie est un point commun. « On ne se rend pas compte de la gravité de leur discours », assure Thomas Guénolé, toujours au Figaro.
Pour l’heure, l’association ne comporte que quelques membres et son action sur le territoire français reste relativement restreinte. Sans oublier que pour que le mal triomphe, seule suffit l’inactivité des hommes de bien…
Guillaume Almalech-Asmanoff
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