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mardi, 26 juillet 2016

Attaques en Allemagne: "Merkel est dans une situation délicate"

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L'Allemagne a fait face en une semaine à quatre attaques meurtrières, dont plusieurs ont impliqué des réfugiés. Des drames aux motivations variées qui pourraient avoir un impact sur la politique dans le pays, selon un spécialiste de l'Allemagne.

Le 18 juillet, un jeune Afghan de 17 ans blesse à l'arme blanche quatre personnes à bord d'un train régional allemand, à Wurtzbourg. Vendredi, un Germano-iranien fait neuf morts à Munich. Dimanche après-midi, une femme est tuée par un demandeur d'asile syrien dans une attaque à la machette à Reutlingen. Dans la soirée, un réfugié syrien se fait exploser aux abords d'un festival de musique dans la ville d'Ansbach, blessant douze personnes. 

En moins d'une semaine, l'Allemagne a été confrontée à une série d'attaques meurtrières aux motivations très différentes. Si le gouvernement a appelé à ne pas faire d'amalgames, il s'inquiète de l'éventuelle émergence d'un "soupçon généralisé contre les réfugiés". Ces attaques peuvent-elles remettre en cause la politique d'ouverture défendue par Angela Merkel et isoler la chancelière? Le point avec Hans Stark, professeur de civilisation allemande contemporaine à la Sorbonne et chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri). 

En moins d'une semaine, l'Allemagne a été la cible de quatre attaques. Quelles sont les réactions au sein de la classe politique et de l'opinion publique?  

Hans Stark: Pour l'heure, il n'y a pas véritablement d'instrumentalisation politique de ces événements, à l'exclusion de quelques personnalités politiques de Bavière qui n'ont jamais caché leur opposition à la politique migratoire décidée au niveau national. L'extrême droite tente évidemment de tirer profit de la situation en multipliant amalgames et demi-vérités. Il n'est pas non plus à exclure que le mouvement populiste Pegida manifeste son opposition dans les rues. Mais, la retenue prime. Peut-être parce que les événements sont récents. Classe politique et opinion publique attendent en effet surtout de connaître les origines de ces actes. 

La popularité d'Angela Merkel est-elle affectée par ces drames? 

Elle avait été entamée par sa politique migratoire mais les choses se sont tassées depuis l'accord entre la Turquie et l'Union européenne, qui a permis de diminuer le flux des réfugiés en direction de l'Allemagne. Les sondages des dernières semaines témoignent d'ailleurs d'un regain de popularité pour la chancelière comme pour son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU). 

Les choses risquent de changer. Les Allemands restent toujours très divisés sur la question de l'immigration, entre ceux favorables à l'ouverture et ceux qui estiment que la chancelière a créé un appel d'air. Et les événements récents ne devraient pas améliorer la situation. Sans compter sur la situation en Turquie et le tournant autoritaire que connaît le pays, qui fait planer des incertitudes supplémentaires sur l'évolution des relations entre l'Etat turc et l'UE. 

Quelle est la marge de manoeuvre de la chancelière concernant sa politique d'ouverture? 

Angela Merkel est dans une situation délicate. Cela explique la grande prudence avec laquelle elle a réagi ces derniers jours. Elle va en effet devoir faire preuve d'une plus grande fermeté sans renier ses convictions. Elle va devoir composer avec le fait qu'elle a peut-être exagéré l'esprit d'ouverture des Allemands, mais sans pour autant revenir en arrière.  

Ces drames successifs peuvent-ils rebattre les cartes sur le plan de la politique intérieure allemande? 

Ce n'est pas impossible. Des élections législatives régionales vont se tenir en septembre prochain en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, au nord de l'Allemagne. Il n'est pas impossible que le parti d'extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) vienne jouer les trouble-fêtes. 

Il y a fort à parier qu'Angela Merkel sera réélue lors des élections fédérales de 2017. Mais cette continuité politique risque de se doubler d'un syndrome à l'autrichienne avec une érosion constante des voix en faveur de la grande coalition et la montée d'un parti d'extrême droite qui pourrait devenir, à terme, l'équivalent du Parti de la liberté (Freiheitliche Partei Österreichs, FPÖ) en Autriche.

Julie Thoin-Bousquié

Source : L'Express

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