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mardi, 26 juillet 2016

Attentat de Nice : décryptage d'une polémique qui n'en finit pas d'enfler

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Depuis l’attentat de Nice, la polémique sur l’inadéquation du dispositif de sécurité ne cesse d’augmenter.

Onze jours après l'attentat de Nice qui a fait 84 morts, on est loin de la cohésion nationale de l' « après-Charlie ». Dès le lendemain de la tuerie, la polémique sur l'inadéquation du dispositif de sécurité le soir du 14 juillet est lancée. Elle n'a pas cessé d'enfler depuis à coups de révélations, accusations et contre-attaques. Le point en dix actes.

Acte 1 - Les premières flèches de Christian Estrosi

Dès le lendemain de l'attentat, soit le 15 juillet, le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et ex-maire de Nice, attaque bille en tête le gouvernement. « Si l'heure n'est pas à la polémique, je me pose bien sûr des questions. Pourquoi l'Etat a-t-il annoncé hier [jeudi] à midi la levée de l'Etat d'urgence et décidé hier soir qu'il faut le prolonger de trois mois ? Tout cela me paraît bien désordonné», déclare-t-il. Et de s'interroger : « Pourquoi et comment cet homme a-t-il pu pénétrer sur la promenade des Anglais qui était pourtant piétonnisée ? Combien de policiers nationaux protégeaient cet événement, là où nous réclamons des renforts depuis des mois et des mois parce que nous jugeons que leur présence est insuffisante ».

Aussitôt, le doute s'insinue. La polémique est née.


VIDEO. Au lendemain de l'attentat de Nice, Christian Estrosi questionne l'Etat
 

Acte 2 - Le coup de grâce d'Alain Juppé

Alain Juppé, d'ordinaire prudent et mesuré face à de tels événements, assène le coup de grâce. Sur France Bleu Gironde, le candidat à la primaire de la droite, s'interroge dès le vendredi matin sur « comment un camion de cette taille, qui était apparemment facile à repérer de loin, a pu se précipiter ainsi sur la promenade des Anglais ? Il faut faire toute la lumière sur les circonstances exactes de l'événement ».

Un peu plus tard, sur RTL, Alain Juppé va jusqu'à déclarer que « si tous les moyens avaient été pris, l'attentat de Nice n'aurait pas eu lieu. » Une charge extrêmement forte.



DIRECT : Alain Juppé invité de France Bleu Gironde par francebleu-sudouest
 

Acte 3 - Cazeneuve répond aux accusations d'Estrosi

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, assure le 16 juillet que « la police nationale était présente et très présente sur la Promenade des Anglais et est intervenue immédiatement après que le camion a franchi les obstacles pour mettre le plus rapidement possible fin à cette tuerie ».


Acte 4 - Effectifs de la police : qui dit vrai ?

Le 17 juillet, le ministre de l'Intérieur et la préfecture des Alpes-Maritimes indiquent que 64 policiers nationaux et 42 policiers municipaux - ont été demandés par les services de l'Etat et mis à disposition par la ville de Nice le soir du 14 juillet.

Faux, assure Christian Estrosi : les effectifs de la police nationale n'excédaient pas 50, dit-il. « Peut-être étaient-ils cachés quelque part ? J'étais sur place et très surpris de voir si peu de policiers nationaux (...). On pourra le quantifier très exactement à partir des images de vidéosurveillance, puisqu'une enquête est ouverte. Si l'Etat nous avait demandé 70 policiers municipaux, nous aurions mis à disposition 70 policiers! Je ne suis pas le patron de la sécurité mais celui qui administre la collectivité. »

Acte 5 - Passe d'armes entre Valls et Estrosi

Dans Nice-Matin , le 19 juillet, le Premier ministre Manuel Valls appelle Christian Estrosi « à se reprendre », « de se maîtriser et de ne pas ouvrir les vannes qui ne feront qu'alimenter un peu plus l'extrême-droite ». Un rappel à l'ordre qui n'est pas du goût de Christian Estrosi qui demande à Manuel Valls de mener « une enquête minutieuse » au regard « des fautes majeures commises à Nice ».

Acte 6 - 24 heures de vidéo-surveillance effacées

Le Figaro révèle que le 20 juillet, la sous-direction antiterroriste (SDAT) a demandé aux agents qui gèrent la vidéosurveillance de la ville de Nice d'effacer 24 heures d'images provenant de six caméras nommées et numérotées, mais aussi de toutes les scènes depuis le début de l'attentat ayant eu lieu sur la promenade des Anglais. Raison invoquée : empêcher la diffusion sauvage d'images de l'attentat par respect pour les victimes.

Mais la demande passe mal au niveau local. Le 22 juillet, l'avocat de Nice annonce que la ville ne va déférer à l'injonction qu'elle a reçue. Il ajoute que la municipalité va demander au procureur de la République de Nice de mettre sous séquestre ces images « afin de ne pas hypothéquer les éventuelles autres procédures qui pourraient voir le jour au-delà de l'enquête antiterroriste en cours ».

Acte 7 - Libération accuse le gouvernement de « mensonge »

Le journal Libération dans son édition du 20 juillet dénonce en une « des failles et un mensonge » quant aux mesures de sécurité mises en place le 14 juillet à Nice. « Contrairement à ce qu'a affirmé le ministère de l'Intérieur, l'entrée du périmètre piéton de la promenade des Anglais n'était pas protégé par la police nationale le 14 juillet au soir », indique Libération. Selon le journal, l'entrée de la promenade des Anglais n'était surveillée que par deux agents municipaux, les agents de la police nationale ayant été « relevés aux alentours de 20h30 par leurs collègues municipaux ».

Bernard Cazeneuve dément les informations du journal, auquel il dit avoir fourni « l'ensemble des réponses à ses questions » sur le sujet et explique que deux points de contrôle encadraient la zone piétonne. Le premier se situait à 400 mètres en amont du début de la zone, l'autre à « quelques dizaines de mètres en avant des installations relatives à la manifestation elle-même », avec deux voitures de police et six policiers nationaux, précise-t-il. « Le ministre de l'Intérieur confirme donc que l'accès à la zone piétonne de la Prom'Party sur la Promenade des Anglais était sécurisé par un barrage de la police nationale, deux voitures stationnées sur la chaussée et six fonctionnaires ».

Acte 8 - Le préfet des Alpes-Maritimes au secours du gouvernement

Le 21 juillet, le préfet des Alpes-Maritimes Adolphe Colrat assure qu'à « aucun moment » il n'y a eu un « mensonge des autorités » sur le dispositif de sécurité mis en place et regrette ces polémiques « injustes et blessantes pour la police nationale ».

« Le point de contrôle à l'entrée de la 'Prom Party' se situait bien au point (au niveau de la rue) Meyerbeer, tenu par six fonctionnaires de la police nationale, détaille-t-il. En amont au point (au niveau du boulevard) Gambetta, il y avait un point de déviation de la circulation et de contrôle visuel tenu à partir de 21H00 par la police municipale », détaille-t-il.

Acte 9 - Les accusations d'une policière municipale

Le 24 juillet, la chef du Centre de supervision urbaine (CSU) de Nice, Sandra Bertin, affirme au « Journal du dimanche » , avoir eu la visite d'un commissaire envoyé par le cabinet du ministre de l'Intérieur, lui enjoignant de préciser dans son rapport « que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans la dispositif de sécurité. J'ai répondu que je n'écrirai que ce que j'avais vu. Or la police nationale était peut-être là mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos ».

Sandra Bertin, qui dirige le centre de vidéo-surveillance de Nice, réitère ses accusations auprès de plusieurs médias, puis au cours d'une conférence de presse tenue avec son avocat.


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Acte 10 - Cazeneuve contre-attaque

Face à ces accusations, Bernard Cazeneuve annonce le dépôt d'une plainte en diffamation et s'en prend de manière à peine voilée à la droite niçoise .

 

Florence Renard-Gourdon

 

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