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mercredi, 27 juillet 2016

L'identité : cette crise qui monte

De Paris à Jérusalem, de New York à Calcutta, de Barcelone à Beyrouth, les nationalismes s'affolent, les drapeaux tourbillonnent dans le vide, les identités sont brandies comme des étendards.

C'est une crise qui ne dit pas son nom


Crise majeure et vieille de trente ans qui traverse la France, inonde le champ politique et irrigue les rapports sociaux. Crise mondiale et globalisée. Crise qui, de Paris à Tokyo, des rives du Ganges à la Tamise, fragilise les démocraties contemporaines, nourrit le terreau des populismes et des conservateurs de tous bords.

Crise aiguë et pernicieuse que connaissent les pays développés comme la France ou ceux en voie de développement. C'est une crise des identités, souvent cachée, toujours niée.

À l'heure de l'interconnexion des peuples, de la mondialisation, de la Révolution numérique et du multiculturalisme, jamais la propension à se construire dans le rejet et la méfiance d'autrui n'a été aussi forte. Comment en est-on arrivé là ?

Le discours identitaire est expression d'incertitudes

Les quelques propos du politiste français Bertrand Badie adressés au journal Le Monde en 2009 rencontrent aujourd'hui encore un certain écho. Dans une situation de crise, quand les individus perdent leurs repères, sont menacés ou confrontés à l'incertitude, l'identité devient un refuge, une échappatoire.

La violence et l'impact de la crise économique et financière de 2008 ont entraîné un dérèglement considérable où certains individus se sont vus arrachés de leurs communautés traditionnelles et frustrés dans leurs ambitions sociales.

L'explosion des inégalités, la paupérisation généralisée, la peur de l'avenir, l'incertitude, creusent le lit du repli sur soi et de la méfiance. Les Britanniques ayant voté pour le Brexit furent dans leur écrasante majorité les plus touchés par la crise de 2008 et les plus sensibles aux questions identitaires.

La crise identitaire est d'abord un mal sociétal, miroir d'un pessimisme rampant et contagieux, que les tenants de l'offre identitaire, l'extrême droite - ou droite populiste et radicale - savent exploiter à des fins électorales et politiciennes.

En ce sens, la récente floraison des formations populistes n'est pas due au hasard. Le Front National en France, UKIP au Royaume-Uni, le Mouvement 5 étoiles en Italie, Le Parti de la Liberté en Autriche, jouissent d'un électorat désorienté en spéculant sur les questions identitaires et en plaçant "l'immigration massive" comme fautive et "l'immigration zéro" comme solution.

Un Monde désorienté

Au fil de ces trente dernières années, les identités se sont brouillées dans ce "village global" qu'est devenu le Monde et le grand tumulte de la mondialisation. Particulièrement accentuée dans les années 1980, la mondialisation a offert au Monde des opportunités économiques et culturelles d'une richesse sans pareil tout en huilant le mécanisme pervers et conservateur de la panique identitaire.

Les conflits, les trafics, les opinions séditieuses, les maux socio-économiques se sont aussi mondialisés et retrouvés là où on ne les attendait pas : la généralisation du trafic de drogues dans l'Amérique latine ou encore la globalisation du terrorisme international.

Par ailleurs, les défis économiques qui se posent à nous et qui définiront le Monde de demain (mondialisation, Révolution numérique, uberisation, défi climatique, construction européenne) bousculent les classes politiques d'Europe et d'ailleurs et met à mal leurs crédibilités. L'identité redevient le centre des préoccupations dans un Monde en pleine mutation. La crise qui en découle renvoie finalement à la plus fondamentale des questions : qui suis-je ?

Les partis de gouvernement, républicains, doivent s'approprier la question identitaire et proposer des solutions pragmatiques au problème posé. La culture et l'éducation doivent être valorisées, le lien social refondé, la France réunifiée.

Vincent Chauvet


Source : Les Echos

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