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jeudi, 28 juillet 2016

Les propos de François Bayrou sur la "mosquée salafiste" n'ont pas plu à l'imam de Saint-Etienne-du-Rouvray

SAINT-ETIENNE-DU-ROUVRAY-large570.jpg

Mohammed Karabila, président du comité régional du culte musulman, a vivement réagi mercredi 27 juillet aux propos du président du Modem, François Bayrou, qui, après l'attaque d'une église à Saint-Etienne-du-Rouvray, en Normandie, avait évoqué mardi une "mosquée salafiste" et une "communauté fanatisée".

"C'est à vomir. D'où tient-il ces informations ? Puisqu'il prétend diriger les Français, qu'il ait au moins la correction de se renseigner auprès des autorités (...) On passe nos journées, nos soirées, à prêcher le vivre ensemble. Ça me donne envie de démissionner et de rentrer chez moi", a déclaré Mohammed Karabila aux journalistes devant la mosquée de la commune dont il est également président.

"Vous croyez qu'on va laisser une brebis venir nous salir?"

"Et comment peut-il dire que la communauté est radicalisée?", s'est interrogé, à l'adresse de François Bayrou, le représentant du culte musulman. "Aucune mosquée n'a été perquisitionnée ici. On a construit la mosquée avec nos propres moyens, on paie notre imam nous-mêmes pour éviter ça", a précisé Mohammed Karabila.

"Vous croyez qu'on va laisser une brebis venir nous salir? (...) La mosquée est videosurveillée. Que Bayrou vienne me demander les bandes et il me montrera nos fidèles radicalisés", a encore déclaré le président du comité régional du culte musulman.

La veille, il avait assuré que le premier terroriste identifié, Adel Kermiche, "n’a jamais mis les pieds dans la mosquée". Il avait aussi fait part de son émotion en évoquant la mort de son "ami", le prêtre Jacques Hamel.

Confusion entre deux églises

François Bayrou avait déclaré mardi sur France Info, après l'assassinat du prêtre en pleine messe: "Nous sommes à Saint-Étienne-du-Rouvray et tout le monde savait ou devait savoir qu’il y avait dans cette ville une mosquée salafiste, une communauté fanatisée, à l’intérieur de laquelle figuraient des personnes parties en Syrie, dont l’assassin qui avait tenté d’y aller".

"Laisser sans surveillance dans les alentours immédiats un édifice religieux, chrétien, n’aurait pas dû être possible", avait-il ajouté.

En fait, l'église où a eu lieu l'attentat est celle du centre-ville de Saint-Etienne-du-Rouvray et non pas celle située juste à côté de la mosquée en question. L'église catholique toute proche a d'ailleurs cédé à la communauté musulmane une parcelle de terrain pour lui permettre d'accéder à la mosquée, inaugurée en 2000.

Saint-Étienne-du-Rouvray, "une ville tranquille"

C'est dans cette dernière mosquée qu'avait eu lieu une cérémonie funèbre en mémoire d'Imad Ibn Ziaten, le parachutiste de 30 ans tué le 11 mars 2012 à Toulouse par Mohamed Merah. Imad Ibn Ziaten était originaire de la commune toute proche de Sotteville-lès-Rouen.

"C'est un choc total, ça réveille la douleur", a déclaré mardi à l'AFP sa mère, Latifa Ibn Ziaten, qui fréquente elle-même régulièrement cette mosquée et a fondé une association à laquelle elle a donné le prénom de son fils, "Imad pour la jeunesse et la paix", afin de lutter contre la radicalisation islamiste.

Saint-Étienne-du-Rouvray "est une ville tranquille", a dit Latifa Ibn Ziaten. "Ce sont des gens loyaux, qui travaillent très bien", a-t-elle souligné. À Saint-Étienne-du-Rouvray comme dans d'autres communes de l'agglomération rouennaise, "il y a beaucoup de familles qui viennent me voir pour leurs enfants qui se radicalisent", a rapporté Latifa Ibn Ziaten. "Quand je vois un danger, j'essaye de le signaler", a-t-elle ajouté.

Source :Le Huffpost

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