jeudi, 28 juillet 2016
Merkel sous pression après les attentats terroristes
Des voix s'élèvent en Allemagne après le choc créé par trois attaques perpétrées par des réfugiés pour réclamer un durcissement du contrôle des migrants dans le pays, mettant sous pression Angela Merkel et sa politique d'accueil.
En effet, les dirigeants conservateurs de Bavière, où se sont déroulés les deux attentats revendiqués au nom du groupe jihadiste État islamique (EI), sont montés hier au créneau pour relancer leurs critiques et demander plus de fermeté en matière d'immigration. « Le terrorisme islamiste est arrivé en Allemagne », a tonné le président de la CSU, Horst Seehofer, « la population a peur et a besoin d'une réponse des responsables politiques ».
Ce parti bavarois est l'allié de celui de la chancelière, la CDU, mais dénonce depuis près d'un an la politique d'ouverture aux réfugiés. La CSU a dressé un catalogue de demandes pour y faire face : contrôle plus strict des foyers de demandeurs d'asile, contrôles douaniers renforcés aux frontières, droit pour l'armée d'intervenir pour protéger la population en Allemagne et tour de vis en matière d'expulsion des réfugiés. « Nous devons nettement abaisser les obstacles à l'expulsion après un délit », a réagi le ministre de l'Intérieur de Bavière, Joachim Herrmann.
Plutôt sur la réserve jusqu'ici, la droite populiste allemande a dénoncé, par la voix de sa responsable Frauke Petry, l'inaction des autorités. « Que doit-il encore se passer pour que nous commencions à vérifier qui arrive dans notre pays ? », a-t-elle demandé.
L'Allemagne reste sous le choc après le premier attentat-suicide revendiqué par l'EI commis sur son sol dimanche soir à Ansbach, une cité tranquille de Bavière, qui a fait 15 blessés et tué son auteur. Ce dernier s'est avéré être un Syrien de 27 ans débouté de sa demande d'asile et souffrant de troubles psychiatriques. Cet attentat est intervenu moins de huit jours après une attaque à la hache commise cette fois-ci par un demandeur d'asile mineur ayant fait allégeance à l'EI. Ce dernier avait été enregistré comme afghan, mais pourrait être en fait pakistanais. Dans les deux cas, les autorités n'ont pas été en mesure de repérer leur radicalisation rapide. Un autre réfugié syrien est également à l'origine d'une attaque au couteau mais l'affaire s'est révélée être un crime passionnel.
Merkel visée
Le pays, qui a accueilli plus d'un million de migrants en 2015, a jusqu'ici ouvert grandes ses portes aux réfugiés syriens. Plus de 90 % obtiennent l'autorisation de rester et jusqu'à récemment, ils n'avaient pas à passer d'entretien avec l'administration. Derrière ces appels, c'est la chancelière qui est visée. Or, mis à part une intervention samedi après la tuerie de Munich, elle est restée silencieuse. Ces derniers mois, elle était parvenue à regagner une partie de la popularité perdue l'an dernier du fait des migrants.
« C'est précisément dans ce genre de situation que son attitude est problématique », indique à l'AFP Martin Emmer, professeur à la Freie Universität de Berlin. « Les gens ont peur, sont inquiets et dans ces circonstances, on a besoin d'une direction qui soit davantage dans les émotions et moins dans le management froid », selon lui.
Les questions soulevées par ces attaques relancent un débat sur l'immigration « que la chancellerie redoute le plus », juge également le quotidien Süddeutsche Zeitung hier, et ce alors que deux élections régionales se profilent en septembre, à Berlin et surtout sur les terres d'élection d'Angela Merkel dans le Nord-Est.
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