vendredi, 05 août 2016
Ankara "troublé" par les propos du chancelier autrichien
Le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik, s'est dit jeudi troublé par la proximité entre les propos tenus la veille par le chancelier autrichien sur les négociations d'adhésion entre l'Union européenne et la Turquie et les positions de l'extrême droite.
"Il est troublant que ses déclarations soient similaires à celles de l'extrême droite", a-t-il dit à la presse à Ankara. "La critique est assurément un droit démocratique, mais il doit y avoir une différence entre critiquer la Turquie et être contre la Turquie", a ajouté Omer Celik.
Le chancelier autrichien, Christian Kern, a déclaré mercredi soir qu'il comptait discuter avec ses homologues européens de l'intérêt qu'il y avait de poursuivre les discussions d'adhésion avec la Turquie en raison des déficiences démocratiques et économiques du pays.
Les Européens se sont inquiétés à plusieurs reprises de la répression lancée par le président Recep Tayyip Erdogan après le coup d'Etat manqué du 15 juillet, en particulier au sujet d'un possible rétablissement de la peine de mort qui constituerait un motif de rupture de ces discussions.
Dans une interview à la chaîne de télévision ÖRT, le dirigeant social-démocrate autrichien est allé plus loin en estimant que les Européens seraient "tous bien avisés de dire maintenant : on appuie sur le bouton de réinitialisation", qualifiant les discussions en vue d'une adhésion d'Ankara de "fiction diplomatique".
"Nous savons que les normes démocratiques sont clairement insuffisantes pour justifier une accession (de la Turquie) (...) La question économique est au moins aussi importante parce que l'économie turque est trop loin de la moyenne européenne."
Prié de dire si l'Autriche pourrait présenter une proposition visant à rompre les discussions d'adhésion lors du Conseil européen du 16 septembre, Christian Kern a déclaré que l'Autriche comptait "lancer la discussion".
"Nous réclamerons une idée alternative", a-t-il ajouté.
(Tulay Karadeniz, avec Shadia Nasralla à Vienne, Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français)
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