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dimanche, 07 août 2016

Evacuation de l'église Sainte-Rita : cette «fachosphère» qui veut manipuler l'opinion

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Des sites proches de l'extrême droite s'agitent pour créer des polémiques sur le Net. Des manœuvres qui vont se multiplier pendant la campagne.

C'est la magiedes réseaux sociaux : quelques tweets suffisent pour qu'une simple querelle de clocher devienne un événement de portée... nationale. La « fachosphère », cette nébuleuse d'extrême droite de plus en plus active sur Internet, a parfaitement intégré cette nouvelle réalité. Et sait, comme personne, transformer un simple fait divers en phénomène médiatique.

 

L'évacuation mercredi dernier de l'église Sainte-Rita, dans le XVe arrondissement de Paris, constitue un modèle du genre. A l'origine, il ne s'agit que d'un banal conflit de quartier : l'édifice néogothique doit être détruit pour laisser la place à des logements (certains sociaux) et à des parkings pour les résidants. Le propriétaire du lieu, l'association belge des Chapelles catholiques et apostoliques, doit au préalable faire évacuer le bâtiment, occupé par une poignée d'irréductibles catholiques traditionalistes, afin de finaliser la vente avec un promoteur immobilier. L'évacuation — validée par ordonnance du TGI en janvier 2016 — est donc programmée pour le 3 août. Un cas de figure on ne peut plus classique.

 

C'est sans compter sur la fachosphère. La veille, les premiers messages d'alerte fleurissent sur Twitter. Concocté par l'association Sainte-Rita, l'un d'eux est un « appel à tous les Franciliens. L'église Sainte-Rita est menacée de destruction. Des impies (sic) veulent la vider et la raser pour y construire un parking ». Les royalistes de l'Action française, le sulfureux Alexandre Gabriac, un ancien membre du FN viré du Front en 2011 pour une photo où il fait un salut nazi, ou encore les sites Ripostelaïque et Fdesouche figurent parmi les premiers à relayer le message. Des anonymes très actifs sur le Web embrayent. Le lendemain matin, le sujet devient l'un des plus commentés sur Twitter.

 

 

Les photos de l'évacuation musclée par les CRS inondent la Toile. Et, une semaine après l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray et l'assassinat du père Jacques Hamel, l'évacuation de l'église prend une résonance particulière. « Une petite victoire pour #Daech de voir le gouvernement français fermer une église au lieu de détruire une mosquée salafiste », commente une internaute. Pourtant, l'évacuation n'a jamais été décidée par le gouvernement, et l'église n'est pas rattachée au Vatican, mais peu importe... Le message fait mouche. Les politiques s'en mêlent à leur tour. Plusieurs élus des Républicains, dont le maire du XVe, Philippe Goujon, et le député Frédéric Lefebvre, montent au créneau. Le FN est bien sûr en première ligne. Le 1er mai dernier, Marine Le Pen avait lancé un appel aux militants pour faire sa campagne présidentielle sur Twitter. « Et si l'on faisait des parkings sur l'emplacement des mosquées salafistes plutôt que de détruire nos églises ? » tweete la présidente du FN le 3 août. Son message sera le plus lu de la journée. « La fachosphère a un réel effet amplificateur », constate le politologue Jean-Yves Camus. Mais les centres d'intérêt de cette nébuleuse changent vite. Sainte-Rita a déjà été détrônée par l'affaire du burkini — la privatisation pour une journée d'un parc aquatique par une association féminine et musulmane — près de Marseille. En attendant une nouvelle polémique.

 

Valérie Hacot (@vhacot1)

Source : Le Parisien

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