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lundi, 08 août 2016

L'UE et la hantise de l'EI

La recrudescence des attentats dans plusieurs pays de l'Union européenne, depuis presqu'une année, a généré un climat de crainte et de doute qui pèse sur les populations, peu habituées à une situation aussi délétère. C'est la sensation générale d'une épée de Damoclès au-dessus non seulement de plusieurs capitales comme Paris, Bruxelles, Berlin ou Londres, mais également de bon nombre d'autres villes de moindre facture. Il ne se passe plus un jour sans que les services de sécurité n'annoncent des arrestations de suspects, des placements en garde à vue et des expulsions de personnes représentant une «menace potentielle» à l'ordre public.


La hantise est devenue telle que ces services sont en état d'alerte maximum. Voici une semaine, en Belgique, un homme a été inculpé de «tentative d'assassinat à caractère terroriste». Frappé le 22 mars par deux attentats dans le métro et l'aéroport (32 morts), le plat pays est entré, à l'instar de la France, dans une tourmente caractérisée par un niveau d'alerte 3 sur une échelle de 4! En France, justement, depuis les attentats du 13 novembre 2015 (130 morts), l'état d'urgence a été régulièrement prorogé et les arrestations se chiffrent par dizaines, les perquisitions et les interpellations par centaines. En vain. Un attentat à Nice, le14 juillet, a fait 85 morts alors que huit jours plus tard, à Munich, un autre faisait neuf morts dans un centre commercial. Partout, la même fébrilité, l'angoisse à fleur de peau et les amalgames à en veux-tu en voilà. N'importe quel fait divers revêt désormais la texture de l'attentat «vraisemblablement terroriste»!


Bien sûr, un coupable a été désigné: les médias font dans la surenchère. Ils se précipitent sur l'évènement avec une légèreté et un cynisme de mauvais aloi et paraissent, pour beaucoup, verser de l'huile sur le feu. L'ombre de l'Etat islamique est omniprésente sur les réseaux sociaux, mais pas seulement. Certaines chaînes ont pris l'habitude de bouleverser leur programme pour se ruer sur le moindre fait. Plutôt que de «rater» le scoop, elles préfèrent verser dans le ridicule en traitant une agression à l'arme blanche comme un attentat terroriste «probable», avec une pluie d'images sur les interventions des forces de l'ordre et du Samu. Mais qu'on ne s'y trompe pas. Ce ne sont pas ces médias, aussi irresponsables soient-ils, qui nourrissent la psychose, au contraire, ils sont nourris, naturellement, par cette psychose elle-même. Ainsi, l'ombre de l'EI a grandi au fur et à mesure de cette agitation fébrile et sa capacité de nuisance, auprès d'une catégorie, à vrai dire mineure, celle des desperados des zones abandonnées à leur triste sort, s'en va crescendo. Certes, en Allemagne, après la fusillade d'un germano-iranien rongé par l'idéologie d'extrême droite, la police a appelé à la prudence dans le discours et mis en garde contre les amalgames.


Peine perdue. La responsabilité est beaucoup plus grande du côté des politiques mais, là encore, ce sont les Cassandre, ceux qui en appellent à la vindicte et à la guerre des civilisations, perchés sur le dôme de leur ambition électorale, et prêt à tous les extrémismes pour y parvenir, qu'on entend, souvent, le plus. Ils sont consciemment, et aussi violemment, les catalyseurs des peurs et des haines latentes, parfois à peine, et le sang des innocents stimule leur audace et leur discours ravageur. A la suite de quoi, inexorablement, l'ombre de l'EI croît de jour en jour pendant que ses détracteurs prétendent la combattre et la réduire...

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