samedi, 13 août 2016
Face à la radicalisation, il faut affirmer son identité et ses atouts
Le mot à la mode est « radicalisation ». Un projet d’attentat formulé par une adolescente de 16 ans sur Internet a concentré les regards sur cette dérive monstrueuse. Dans notre société tolérante, métissée, notre belle mosaïque de toutes les couleurs, arc-en-ciel pour tout dire, et grâce aux multiples canaux offerts à la libre expression et à la libération des fantasmes les plus intimes, voilà que de jeunes esprits sombrent dans le fanatisme mortifère d’un islam déformé, extrémisé, en un mot, radicalisé. Notre culture ouverte à l’accueil de toutes les différences, fondée sur la paix et l’amour, sur la solidarité compassionnelle et le libre épanouissement de chacun, tombe sur un os.
Elle qui héritait de ces beaux sentiments d’un passé chrétien, qu’il était préférable de gommer par souci d’ouverture, découvre avec stupeur qu’elle a favorisé la présence en son sein d’une religion qui, renouant avec ses origines les plus étroites, permet à des individus, souvent jeunes, d’exprimer leur singularité en disant à quel point ils haïssent le pays dans lequel ils vivent, à quel degré ils méprisent notre « civilisation » et ses valeurs. Stupéfiés par ce désastre, celui de politiques menées depuis des décennies, nos politiciens planchent tous sur la « déradicalisation ».
Dans les mosquées, les prisons, les écoles, sur la Toile, avant le départ pour le djihad ou à son retour, il faut surveiller, déceler, signaler et « déradicaliser ». Des centres de prévention vont être consacrés à cet effet, des équipes spécialisées vont s’y employer. L’État maternant va ajouter à la pile de ses services d’accompagnement et d’assistance un outil destiné à libérer les esprits de l’emprise salafiste. On évitera d’évoquer une « rééducation » tellement contraire à notre éthique libertaire. S’agira-t-il de « soigner » ? D’une certaine manière, oui. L’idée repose sur un postulat : l’islam n’est pas en cause. Comme le dit Olivier Roy, ce n’est pas l’islam qui est radicalisé, mais la radicalisation qui s’est islamisée.
Des jeunes révoltés par l’injustice sociale et en recherche d’eux-mêmes au travers d’une identité religieuse vont devenir djihadistes, comme ils auraient été anarchistes ou gauchistes auparavant. L’ascenseur social toujours en panne donne l’avantage aux psychologues sur les sociologues. Des initiatives privées existent déjà, comme le Centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam de Dounia Bouzar qui vise à restaurer cher les jeunes la raison et le goût de vivre. Les pays scandinaves, pionniers du maternage social, ont créé des centres comme celui d’Aarhus au Danemark. La France va imiter ce modèle d’une manière plus contraignante. Un premier centre fondé sur un programme de réinsertion et de citoyenneté doit être ouvert en Septembre à Beaumont-en-Véron.
Le vivre ensemble ne peut être une simple juxtaposition de groupes dont les frictions et les rapports de force vont croître jusqu’à la rupture. Il exige donc un double effort de lucidité et de volonté. Celui-ci nous demande de prendre conscience de la spécificité de la religion musulmane. Il est faux de dire, comme Haoues Seniguer, que cette confession « ne prédispose pas à la violence ». Ses textes, son histoire, sa réalité politique actuelle montrent l’inverse, même si cette prédisposition reste le plus souvent latente. Il faut donc en contenir la progression dans notre pays et en limiter l’enseignement. Mais, par ailleurs, pour intégrer des personnes à une société, il faut encore que celle-ci soit attirante et qu’elle affirme sereinement son identité et ses atouts.
Christian Vanneste
11:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.