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mardi, 16 août 2016

En Corse, plusieurs précédents d’actes anti-musulmans

En dehors de la rixe du 13 août à Sisco, la Corse a été le théâtre de plusieurs incidents à connotation raciste l’année passée.

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La Corse serait-elle, en France, l’une des lieux où la violence antimusulmane est la plus exacerbée ? C’est le constat de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Dans son 26e rapport sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, publié en mai dernier, la CNCDH a mesuré 429 fait anti-musulmans commis sur le territoire français en 2015. « Lorsque l’on rapporte le nombre d’actes anti-musulmans à la population de chaque région, la première place revient incontestablement à la Corse (avec 1 acte pour 18 000 habitants) », indique-t-elle.

Menaces contre des institutrices

L’année passée, plusieurs actes à connotation raciste se sont ainsi déroulés sur l’île de Beauté. En juin 2015, des institutrices du village corse de Prunelli-di-Fiumorbu ont été victimes de menaces de la part de parents d’élèves qui refusaient que leur enfant chante des couplets en langue arabe pour la fête de l’école.

Pour la kermesse prévue le 26 juin dans ce petit village de 3 000 habitants à forte communauté maghrébine, les enseignantes avaient en effet prévu de faire chanter l’hymne pacifiste de John Lennon Imagine dans cinq langues différentes, dont l’arabe.

L’école a finalement été obligée d’annuler la kermesse, au vu des critiques répétées de certains parents, menaçant de perturber le déroulement de la kermesse. Plusieurs graffitis « Arabi Fora » (Les Arabes, dehors !) et « Lingua Corsa » (langue corse) ont également été peints devant et aux abords de l’école du village. L’inspection d’académie de la Corse a porté plainte contre X.


Incidents à Noël

Six mois plus tard, des incidents ont émaillé les fêtes de Noël. La nuit du 24 au 25 décembre, des pompiers sont tombés dans un guet-apens dans la cité populaire des Jardins de l’Empereur, à Ajaccio. Un feu a été volontairement allumé pour les faire venir. À leur arrivée, leur véhicule a été caillassé par plusieurs dizaines d’hommes encagoulés. Deux pompiers ont été sérieusement blessés par des éclats de verre, ainsi qu’un policier.

Le lendemain, une manifestation pacifiste s’est tenue devant la préfecture à Ajaccio, rassemblant près de 600 personnes. Mais une partie d’entre eux s’est ensuite dirigée vers les Jardins de l’Empereur pour retrouver les auteurs de l’agression.

Scandant « Arabi fora » ou « On est chez nous ! », un petit groupe a saccagé une salle de prière musulmane et tenté d’y mettre le feu. N’y arrivant pas, ils ont brûlé une cinquantaine de livres, dont des exemplaires du Coran. La terrasse d’un restaurant kebab, situé à proximité de la cité, a également été endommagée dans ces incidents. Plusieurs personnes ont été mises en examen à la suite de l’agression des pompiers et des débordements racistes et anti-musulmans.


Tirs à l’arme automatique, incendie et inscriptions racistes

D’autres accrocs, moins saisissants, se sont déroulés ces six derniers mois. Dans la nuit du 2 au 3 février, une boucherie halal et un kebab ont été mitraillés à l’arme automatique dans la station balnéaire de Propriano, au sud de la Corse. Une trentaine d’impacts ont visé ces commerces, tous deux gérés par des personnes d’origine maghrébine « sans histoire ». C’était la seconde fois en deux ans que cette boucherie était attaquée.

Le 30 avril, l’une des deux principales salles de prière d’Ajaccio a été incendiée, dans le quartier de Mezzavia, sans faire de victimes. Une enquête pour dégradation par incendie a été ouverte, et s’oriente plutôt sur une piste crapuleuse.

Enfin, le 1er août, plusieurs inscriptions à caractère raciste ont été découvertes sur les murs d’une salle de prière musulmane ainsi que sur la façade d’une boucherie Hallal, à Ghisonaccia, en Haute-Corse. Le sigle « IAF » (« I Arabi Fora »), signifiant « Les Arabes dehors », a été peint. Aucun de ces trois faits n’a été revendiqué.


Lauriane Clément

Source : La Croix

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