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dimanche, 04 septembre 2016

Fondation pour l’islam de France : les travaux d’Hercule de Chevènement

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À peine installé à la tête de la toute nouvelle Fondation pour l’islam de France, Jean-Pierre Chevènement est déjà la cible de toutes les critiques. Pour Riposte laïque, il s’agit d’un « collabo » ; rien de moins. Dans Libération, les critiques sont évidemment plus nuancées, l’homme étant donné pour « principale figure à gauche du républicanisme laïc tendance souverainiste », ce qui, sous la plume de ses journalistes, n’est pas exactement un compliment. Même son de cloche à France Inter, radio où il remarquait qu’en Seine-Saint-Denis, département au « 135 nationalités différentes », l’une « avait disparu » : la française. Sortie qui n’a évidemment pas fait le bonheur de Patrick Cohen, patron de la matinale…

Toujours dans le même registre, cette autre déclaration de l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2002 : « Moi, je connais bien le monde musulman, je suis allé au Caire, à Alger, il y a quarante ans ou cinquante ans. […] La plupart des femmes ne portaient pas le voile. Il y a une tendance de fond qui correspond à ce qu’il faut bien appeler la montée du fondamentalisme religieux. […] Tout ça, ça traduit quelque chose qui se répercute aussi dans nos cités. »

Il est un fait que Jean-Pierre Chevènement connaît bien ce monde musulman, ne serait-ce que par son épouse Nisa, d’origine égyptienne, mais plus encore grâce à la longue amitié le liant à l’islamologue Jacques Berque, auteur d’une magistrale traduction française du Coran. On ajoutera que Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux fait partie de ses visiteurs du soir. Ce qui n’empêche pas Mathieu Hanotin, député socialiste de Seine-Saint-Denis, d’exiger la démission de l’ancien et turbulent ministre.

Ceux qui, dans cette affaire, font preuve d’un indéniable bon sens sont les autorités musulmanes de France, qui connaissent et apprécient l’homme et ne sont en rien choquées lorsque le « Che » affirme : « Chacun doit faire un effort. Il me semble qu’il est de mon devoir de dire qu’une certaine discrétion est souhaitable. »

Ainsi, M’hammed Henniche, président de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis : « Chevènement est taillé pour le job. L’Histoire lui a donné raison. Tout le monde se souvient de sa démission en 1991 lors de son opposition à la guerre en Irak. Si l’Occident n’avait pas créé le chaos dans ce pays, nous n’aurions pas le terrorisme que nous subissons aujourd’hui. »

De son côté, Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France, estime que cette fondation « va s’occuper de l’aspect culturel et universitaire. Cela ne me paraît pas un obstacle que son président ne soit pas lui-même musulman. »

Cela pourrait même être un atout, sachant que, de longue date, musulmans d’origine maghrébine peinent à s’entendre, même lorsqu’ils tentent de se réconcilier sur le dos de leurs homologues issus des communautés turques ou d’Afrique noire…

On lui souhaite bien du courage pour une aussi vaste tâche. Il en a, cela tombe bien, et de la bonne volonté, aussi. Dieu sait s’il en aura besoin…

Nicolas Gauthier

Boulevard Voltaire



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