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lundi, 05 septembre 2016

Les populistes de l'AfD devancent la CDU d'Angela Merkel

Le parti anti-migrants allemand AfD a enregistré un succès électoral éclatant dimanche en arrivant deuxième lors de l'élection régionale en Mecklembourg-Poméranie occidentale (nord-est), humiliant la CDU de la chancelière Angela Merkel, plombée par sa politique d'accueil des réfugiés. 

Les sociaux-démocrates du SPD arrivent en tête avec environ 30%, soit cinq points de moins qu'en 2011. L'AfD avec 21% devance le parti d'Angela Merkel, pourtant élue de la région, qui se classe donc 3e avec de 19-20% des voix, selon les sondages des chaînes publiques ARD et ZDF.

"La cerise sur le gâteau c'est qu'on laisse la CDU de Merkel derrière nous (...) et peut-être est-ce même le début de la fin pour la chancelière Merkel", a lancé Leif-Erik Holm, chef de file du parti populiste dans cette région de l'ex-RDA communiste. L'AfD fait ainsi une entrée fracassante au Parlement régionale pour sa première participation à un scrutin dans ce Land. Le parti avait fait campagne sur le chaos qu'a provoqué selon lui la décision il y a un an jour pour jour de la chancelière d'ouvrir grand les portes de l'Allemagne aux réfugiés. Avec 5 %, les Verts feraient de justesse leur entrée au parlement régional. En revanche, le parti néo-nazi NPD ne devrait plus y siéger.

La problématique de l'intégration du million de demandeurs d'asile arrivés l'an dernier a monopolisé la campagne électorale dans cet État-région de l'ex-RDA communiste, offrant un terrain fertile aux populistes anti-immigration de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Car même si seuls quelques milliers de réfugiés sont installés dans le Mecklembourg, "la politique migratoire a provoqué un grand sentiment d'insécurité", expliquait à l'AFP Frieder Weinhold, candidat CDU à Wismar, ville de 42.000 âmes sur la Baltique. "Je vote AfD. La raison principale, c'est la question des demandeurs d'asile", confirmait un retraité de Ludwig. "Pour eux, il y a de l'argent, pas pour les retraites (...) Ca me met en colère". La chef de ce parti, Frauke Petry, avait elle appelé vendredi dans une vidéo les électeurs à "faire l'Histoire non seulement de l'Etat-région mais de toute l'Allemagne" en votant en masse pour l'AfD.

 Popularité effrayante

En difficulté -- seulement 44% lui font confiance pour un quatrième mandat --, la Chancelière voit donc son parti, la CDU, dépassé par l'AfD lors de ce scrutin qui fait figure, avec celui de Berlin le 18 septembre, de répétition générale à un an des législatives. En meeting samedi dans cet Etat régional où se trouve sa propre circonscription électorale, Mme Merkel a mis en garde contre le vote populiste, ces "gens qui provoquent mais qui n'ont rien fait pour ce Land". Des électeurs entendent encore ce message. "Sur l'AfD je n'ai qu'une chose à dire: la colère conduit à de mauvaises décisions", relève Ulrike Zschunke, une orthophoniste de 31 ans. Toute la semaine, la chancelière qui se trouve en Chine dimanche pour cause de G20 a multiplié ce type d'appels. Les sondages, eux, plaçaient l'AfD en deuxième position, devant la CDU. Une popularité croissante qui a d'ailleurs été jugée "effrayante" vendredi par le Conseil central des Juifs d'Allemagne.

Dans la presse, on se faisait déjà une raison. "Désormais l'Allemagne a ce qui n'avait jamais existé depuis la fin de la guerre (en 1945) : un parti d'extrême droite", regrettait le quotidien Die Welt. "Je m'attends à un score de jusqu'à 30% pour les mouvements identitaires AfD et (le parti néonazi) NPD, 25% pour le premier et 5% pour le second", prévenait aussi Hajo Funke, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Berlin, qualifiant l'AfD de "lame de fond".

Gifle

Quant aux deux principales formations, le Parti social-démocrate (SPD) et la CDU, en coalition dans ce Land ainsi qu'au niveau fédéral, M. Funke leur promettait une "gifle". Un sondage publié mercredi leur donnait des scores respectifs de 28% et 20%, contre 35,6% et 23% en 2011. Au-delà de la question des réfugiés, l'AfD tire sa force "de la difficulté qu'ont le SPD et la CDU à se différencier", reconnaît M. Weinhold, "beaucoup de gens ne se sentent plus représentés".

 Un rejet des élites, nourri par une politique d'austérité régionale, sur lequel les populistes surfent malgré les progrès économiques de ce Land. Désemparés par le succès des populistes qui ont déjà obtenu des scores importants lors de régionales au printemps, certains responsables ciblent directement la chancelière et sa politique migratoire. Sa décision il y a un an jour pour jour d'accueillir les réfugiés en masse a "provoqué une scission dans notre société", peste le chef du gouvernement régional sortant, Erwin Sellering (SPD). Angela Merkel souligne pour sa part toujours que ce choix s'imposait en 2015, même si depuis les deux attaques commises fin juillet par des demandeurs d'asile et revendiquées par l'organisation État islamique, elle a donné un accent plus sécuritaire à sa politique.

Info-arte

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