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mardi, 20 septembre 2016

Une enquête utile

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Il vaut mieux savoir que de ne pas savoir. C'est cette conviction qui a conduit l'Institut Montaigne à réaliser une enquête sur l'Islam et sur ce que pensent les musulmans de France. Ses résultats, publiés dimanche dans le « JDD », sont à la fois passionnants, rassurants sur certains points et franchement inquiétants sur d'autres. Passionnants : ils livrent une photographie détaillée, la première depuis longtemps, sur ces 3 ou 4 millions de personnes qui revendiqueraient leur confession. Rassurants : la majorité des musulmans adhèrent à la laïcité et aux lois de la République. Inquiétants aussi : 28 % sont qualifiés par les chercheurs d'« ultras » en rupture et ils sont surreprésentés chez les jeunes dans une proportion stupéfiante puisque 50 % des moins de 25 ans se rangent dans cette catégorie. Ce travail rouvre la discussion sur la propension étrange de la France à ne pas vouloir mesurer pour ne pas savoir. Dans ce cas précis, il ne s'agit pas de statistiques ethniques - ce que pensent les catholiques est souvent sondé. Mais l'utilité de cette enquête est évidente. Il est ainsi utile de lire que les deux tiers des musulmans sont favorables au port du voile. Il est utile de voir que la situation économique et sociale constitue une clef de radicalisation. Plus que des affirmations religieuses. La première génération immigrée a été soumise ; la deuxième en colère ; la troisième se révolte. D'autres questions se posent. Une parmi 100 : quelle est l'influence des chaînes de télévision de la péninsule arabique ? Les résistants à ce type d'enquêtes affirment qu'elles créent de la revendication davantage qu'elles ne favorisent l'intégration. Que ranger des individus dans des groupes crée des identités et des minorités qui n'existaient pas. C'est l'inverse qui est vrai. Pour combattre les comportements minoritaires, comme pour éviter les amalgames et les discriminations, il faut savoir. Pour agir.

Dominique Seux

Les Echos



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