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mercredi, 21 septembre 2016

L’institut Montaigne et les musulmans

«livre d’histoire commun aux deux rives de la Méditerranée»

L’hebdomadaire Le Journal du dimanche (JDD) a publié l’essentiel d’un rapport de l’Institut Montaigne qui fait des propositions innovantes, comme la création d’un institut d’Etat de formation des imams ; la fonctionnarisation des aumôniers de prison, l’élection d’un grand imam de France ou encore la valorisation de l’enseignement de l’arabe classique à l’école.

Le rapport propose aussi l’implication des collectivités pour favoriser l’émergence d’un islam local et la rédaction d’un livre d’histoire équitable commun aux pays des deux rives de la Méditerranée. Enfin, il avance l’idée qu’il faudrait revoir la politique étrangère de la France pour endiguer l’influence des régimes wahhabite.

L’Institut Montaigne se repose sur une série de nombreux entretiens avec des musulmans étayés par une sondage-enquête de l’Ifop pour tenter de comprendre ce que sont les musulmans d’aujourd’hui en France, alors que le pays, depuis janvier 2015, est frappé par des attentats, et que les amalgames fleurissent. On apprend ainsi que les musulmans compteraient pour 5,6% des habitants de la métropole française. Ce qui représenterait entre 3 millions et 4 millions de personnes. 84 % des musulmans ont moins de 50 ans, pour une moyenne de 35,8 ans. 74 % sont Français et 50 % sont nés Français.

L’une des informations importantes qu’on peut pressentir (sans sondage !) est que le Conseil français du culte musulman (CFCM) est mal connu (seulement 32% des personnes interrogées). Les sondés se reconnaissent plus dans le prédicateur islamiste Tarik Ramadan que dans la personnalité de Dalil Boubekeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris.

Alors que le gouvernement français, avec la Fondation de l’islam de France et le CFCM veut créer les conditions d’un islam de France, la partie est mal entamée. Sur l’ensemble du quota étudié, l’Ifop évalue à 28%, ceux qui ont «adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République». Les jeunes les moins insérés dans l’emploi et les convertis y seraient les plus enclins. Les deux autres tiers vivent la religion comme identité culturelle forte ou dans le simple suivi des rites principaux, tout en épousant parfaitement la laïcité.

Thème sur lequel 66% estiment que la laïcité permet de pratiquer librement. Une majorité, pratiquante ou non, souhaite que ses enfants puissent manger des repas halal dans les cantines. Quant au voile, une majorité (60% des sondés et 37% de non-musulmans) ne voient pas d’empêchement à ce que les filles le portent, même à l’école.

Une majorité est contre la polygamie et plutôt favorable au libre choix d’avorter pour les femmes (59%). Sur la fréquentation de la mosquée, 29% y vont chaque semaine et 5% quotidiennement. Autre enseignement, un musulman sur deux vote, indiquant que cela n’est pas forcément pour un candidat musulman. Au plan politique, 30% se disent à gauche et 45% n’ont pas de camp défini. Les enseignements de cette étude sont ainsi, pour une part, assez déroutants.

Walid Mebarek

El Watan

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